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« Nous sommes sur la bonne voie, mais il ne faut pas relâcher nos efforts » : la filière ovine est-elle en train de relever le défi du renouvellement des générations ?
Avec une installation pour un arrêt d’activité, la filière ovine fait figure de bonne élève en termes de renouvellement des générations, une des thématiques phares du Sommet de l’Élevage. Quelles sont les clés de cette réussite ? Et surtout, comment les autres filières pourraient s’en inspirer ? Nous avons posé ces questions à Patrick Soury, le président du comité d’orientation ovin national d’Inn’Ovin.
Crédit photo : Interbev Ovins
D’après les chiffres de l’IDELE*, la filière ovine est celle qui a le meilleur taux de remplacement après un départ. Est-ce que vous considérez pour autant que le défi du renouvellement est relevé ?
Non, ce serait trop facile de se dire que l’on a réussi. En effet, les chiffres prouvent qu’il y a des prémisses de résultats. Mais il ne faut pas baisser la garde pour autant. Cela doit nous pousser à poursuivre notre engagement. En réalité, c’est un investissement permanent, qu’il faut sans cesse continuer.
Quelles actions ont été déterminantes pour atteindre ces bons chiffres, selon vous ?
Au début des années 2000, il a déjà fallu expliquer à chaque personne se lançant dans un projet d’élevage qu’on existait, tout simplement ! On représente une petite production à l’échelle du monde agricole, donc il fallait faire parler de nous. En plus, à l’époque, la filière souffrait d’une mauvaise image : celle d’un système peu rémunérateur, d’un élevage qui a du mal à s’équiper, et vécu comme un fardeau. L’enjeu était de montrer que la filière ovine avait bien un avenir.
Est-ce que les outils numériques, de plus en plus courants, font partie des arguments qui peuvent convaincre des professionnels de choisir l’élevage ovin ?
Oui, surtout pour les plus jeunes. L’un des exemples est le système d’identification des animaux par boucle électronique. Étant donné le grand nombre d’individus à gérer pour un éleveur ovin, cette technologie permet un gain de temps, et une meilleure collecte de données pour sélectionner les brebis les plus performantes. Pour le suivi du troupeau, tous ces outils numériques allègent la charge mentale, et je pense que ça améliore l’attractivité de notre métier.
Comment les autres filières pourraient s’inspirer de cette réussite ?
Il n’y a pas de recette miracle : il faut investir sur le long terme. Cela fait 20 ans que l’interprofession le fait. À l’époque, le constat de l’ensemble des acteurs de la filière était effrayant : « Si on ne fait rien, on disparaît ». C’est toute une équipe (coopérations, éleveurs, abatteurs, GMS) qui a mouillé le maillot pour promouvoir notre programme. Globalement, l’attractivité passe forcément par des conditions de vie satisfaisantes, qui sont étroitement liées au revenu que l’éleveur tire de sa ferme. De ce côté-là, la revalorisation de l'aide de la PAC en 2013 pour les ovins a été une grande victoire.
Mise à part la question du renouvellement, quel(s) défi(s) sont encore à relever pour la filière ovine ?
On pêche encore sur le nombre de brebis, qui continue à baisser. Pourtant, nous produisons 47 % de la consommation ovine en France, donc c’est véritablement une filière d’avenir !
*Cités dans le Livre blanc « Le renouvellement des actifs en élevage bovin, ovin et caprin », CNE, 2023.
Plus d'informations :
Site internet : www.sommet-elevage.fr
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