« On ne réfléchit pas à la force de nos bras mais avec notre tête ». Pour ces étudiantes en agriculture, les femmes ont toute leur place

Au Salon de l'Agriculture, cinq jeunes femmes en terminale Bac Pro CGEA MFR La Péruse en Charente, partagent leurs aspirations et leurs réflexions sur l'avenir de l'agriculture. Entre passion pour l'élevage et inquiétudes face aux défis à venir, elles incarnent la nouvelle génération d'agricultrices, déterminées à faire leur place dans un monde en mutation.

Clotilde, Louna, Axelle, Clarisse et Lauralie, toutes élèves en terminale Bac Pro CGEA, représentent la diversité des filières agricoles. De l'élevage ovin à la valorisation de chevaux, en passant par les bovins lait et viande, et la création de fermes pédagogiques, ces jeunes femmes témoignent de la richesse des opportunités offertes par le secteur agricole. Stagiaires sur le stand d'Arnaud Boucher, éleveurs de vaches de race Bretonne Pie Noir, elles partagent leur expérience, les pieds dans le foin. 

Travailler au Salon de l'Agriculture, "une expérience unique"

Pour ces futures agricultrices, participer au Salon de l'Agriculture est un rêve devenu réalité. Elles décrivent avec enthousiasme leurs journées bien remplies. "On se lève à 6h du matin" explique Clarisse, qui ne se plaint par pour autant, "ça nous fait plaisir de travailler au Salon, même si les journées sont longues. C'est un truc qu'on ne vivra qu'une fois dans notre vie !". 

Puis, dès qu'elles sont au contact des vaches, c'est le même refrain tous les jours : nettoyage de l'enclos, passage à la douche si elles sont un peu sales. Attention, elles sont traitées comme des reines : shampoing et savon appliqués de la tête à la queue. Curage de sabots et c'est déjà l'heure de leur donner à manger. Jusque tard dans la nuit, elles seront bichonnées, brossées, emmenées à la traite, nourries.... 

Quand arrivent les visiteurs, les jeunes filles se prêtent au jeu des questions. Louna s'amuse "Souvent, ils nous demandent le nom de la race ou leur prénom, alors que c'est écrit juste au-dessus". 
Cette immersion leur permet de vivre pleinement leur passion et de se projeter dans leur futur métier. Axelle se voit déjà plus tard, propriétaire d'une ferme pédagogique avec que des races à petits effectifs. "C'est un rêve de participer au Salon de l'Agriculture, mais si un jour je le fait avec mon exploitation, là ce sera vraiment un rêve" ! 

La place croissante des femmes dans l'agriculture 

Les jeunes femmes soulignent l'importance grandissante de la présence féminine dans le monde agricole. Clotilde fait remarquer : "On le voit déjà dans notre classe. Sur 16 personnes, il n'y a que 3 garçons. Et au Salon, il y a beaucoup de femmes qui sont sur le terrain". 

"Les filles ont une approche différente des problèmes. Tout ne se joue pas que sur la force ! Par exemple, mon patron me demande toujours de faire les agnelages car j'ai des bras plus fins", argue Clarisse. Et puis, "les femmes savent mieux faire que les hommes certaines fois", ajoute avec fierté Axelle. Leur message est clair : les femmes ont toute leur place en agriculture.

Espoirs et inquiétudes 

Si la passion est palpable chez ces jeunes agricultrices, certaines expriment également des inquiétudes face aux défis à venir. "J'ai grandi avec les moutons. Ça m'a toujours plu parce que mon papa était agriculteur", explique Clotilde. Pourtant, elle envisage une reconversion professionnelle "j'aimerais m'orienter vers les personnes âgées et ouvrir une famille d'accueil pour elles". Son dernier stage ne l'a pas confortée dans son choix de rester dans le monde agricole. "J'ai été déçue". C'est surtout la précarité du métier qui l'a convaincue de changer de voie. "J'ai peur pour l'avenir. De nombreuses maladies arrivent alors qu'elles n'y étaient pas, il y a quelques années".

Néanmoins, elles sont toutes convaincues qu'elles y arriveront, y compris Clotilde. "Avec un petit peu de force et de courage, on y arrive", concluent-elles à l'unisson.