Peste porcine : un plan d’intervention sanitaire d’urgence testé en Bretagne

Alors que le risque PPA demeure aux portes de l’Hexagone, l’administration teste depuis plusieurs mois l’efficacité d’un plan d’intervention sanitaire d’urgence (PISU), en lien tous les acteurs de la filière. Une restitution intermédiaire vient d’avoir lieu.

Deux ans après le renforcement des règles de biosécurité (élevage et transport par arrêtés de 2018 et 2019), l’administration a jugé bon d’éprouver un dispositif de crise sanitaire en élevage de porcs. Pour les besoins de l’exercice, un éleveur naisseur engraisseur (400 truies) de Saint-Thégonnec Loc-Éguiner dans le Finistère, adhérent d’Eureden, a joué le jeu. Le scénario ? Une suspicion de peste porcine africaine (PPA) dans son bâtiment d’engraissement. L’éleveur découvre plusieurs porcs charcutiers morts dans une salle. Il contacte son vétérinaire qui, soupçonnant un foyer de peste porcine, en informe le service santé et protection animales de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Finistère. Dans chaque département, ce service enregistre en moyenne une dizaine de suspicions de maladies réglementées par an. La plupart sont généralement levées. Ici, une équipe de la DDPP se déplace et confirme la suspicion. Elle est validée dans la foulée, après analyses de sang et de rate, par un laboratoire agréé du Mans, avec avis de l’ANSES. Le PISU est immédiatement déclenché sous l’égide du sous-préfet de l’arrondissement concerné, celui de Morlaix, et une cellule de crise constituée. Rebaptisé PI-ZHU (soies de cochon en chinois), le plan associe de nombreux partenaires : groupement, DGAL, Ifip, vétérinaires, fabricants d’aliments, abattoirs, etc. « Ce Plan d’intervention s’inscrit dans le dispositif Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile NDLR) pour prévenir les risques majeurs et organiser les secours à l’échelon départemental, explique Loïc Gouyet à la DDPP 29. Il a la même valeur que la gestion du risque nucléaire, d’inondation ou d’attentat ».

Mouvements d’animaux interdits et traçage des cochons

À J + 1, la cellule de crise mobilise les équipes. Un travail de fourmi démarre. Un zonage de 3 et 10 kilomètres est établi (133 élevages concernés pour 260 000 porcs) avec entre autres, interdiction de mouvements d’animaux et de visites vétérinaires. Une enquête épidémiologique identifie 238 sites à risque (flux d’animaux, personnes, matière) qui sont placés sous surveillance par arrêté préfectoral. Les lots sortis du foyer sur les trente derniers jours sont tracés jusqu’aux abattoirs. Au cours de cet exercice, sept groupes de travail ont été mis sur pied pour identifier une ou des méthodes : abattage préventif avant transfert vers l’équarrissage - « l’exercice a permis de réaliser une simulation sur table de cette étape », précise M. Gouyet- ; nettoyage-désinfection ; suivi vétérinaire ; économie en période de crise ; information-communication… Ce qui est sûr, c’est que la recherche de l’origine du foyer d’infection, qui pourrait être la faune sauvage à partir du témoignage de l’éleveur ayant vu des traces de sangliers à proximité, mobilisera du monde.

« À partir des informations transmises par la fédération de chasseurs, il faudra organiser une battue pour rechercher les sangliers morts de PPA. » En phase d’essai, elle n’a évidemment pas été organisée. Ce qui ressort de cet exercice, « c’est que l’acculturation de tous les acteurs est nécessaire pour se préparer à la gestion de crise », souligne Jacques Crolais, directeur de l’Union des groupements (UGPVB) et du Comité régional porcin de Bretagne. Qu’il est indispensable d’informer tous les petits détenteurs de porcins du risque PPA quand les animaux vivent en plein air. Si aucun autre cas ne survenait après un mois, « le dispositif serait levé ». Le travail d’analyse du PISU, lui, se poursuit. Il doit s’achever en septembre prochain.