Premier apport d'azote sur céréales : ne pas gâcher l’engrais

Les semis de céréales se sont effectués dans un contexte parfois sec mais accompagné de températures douces, et de manière générale à la bonne période. Les plantes ont levé et se sont développées rapidement. Les conditions douces les ont accompagnées jusque mi-janvier favorisant des niveaux de tallage abondants pour les premiers semis. Depuis le 20 janvier, le froid (entrecoupé par une période douce autour de la mi-février) et le sec ont dominé.

Des semis soumis à des conditions inédites

Plusieurs périodes de semis suffisamment longues se sont présentées cet automne : d’abord sur la première décade d’octobre puis entre le 20 octobre et début novembre. Quelques semis plus tardifs ont été finalisés sur les premiers jours de décembre.

Deux faits marquants accompagnent ce début de campagne :

 - La douceur qui s’est prolongée jusque mi-janvier et a permis aux céréales de bien taller

 - Le sec : depuis le 1er octobre le déficit hydrique est prononcé, avec un niveau de précipitations d’à peine 40 à 50 % de la normale. Ces dernières semaines sont particulièrement marquées par ce manque d’eau. Seul un passage pluvieux sur la période du 22 au 24 février a concerné l’ensemble du départe[1]ment à des niveaux variables mais au moins de 15 mm. Une période pluvieuse est annoncée (à compter du 8 mars et pour au moins une semaine).

Le froid des derniers jours de février et des premiers jours de mars, avec des températures négatives sous les -5°C, peut présenter un risque lorsqu’il coïncide avec le début de la montaison (stade épi 1 cm). Le seuil de tolérance des céréales à ce stade étant de -4°C. Fort heureusement, une très grande majorité des céréales était encore à fin tallage à ce moment-là et pour les parcelles les plus avancées, le froid ayant été progressif, le risque est minime (les céréales de la plateforme Arvalis de Camjac qui étaient à épi 1 cm au moment des gelées ne présentent pas de gel d’épi).

Une situation sanitaire régulée La douceur combinée à l’abondance de talles sur certaines parcelles semées tôt (en orge principalement) a provoqué l’apparition de maladies du feuillage : de l’oïdium a été observé très tôt sur les orges. Le retour du froid a permis de ralentir le développement de ces maladies précoces.

Quand et à quelle dose apporter l’azote ?

Bien souvent, un apport d’azote sur céréales avant mars (courant février) ne se justifie que si les plantes n’ont pas ou très peu tallé, c’est parfois le cas des semis tardifs par exemple.

Avant tout apport d’azote, il est important de rappeler que le désherbage doit être réalisé en premier. Cet article s’intéresse à l’apport principal d’azote à réaliser à épi 1 cm (et aux suivants si on fractionne).

Il faut positionner l'azote au plus près du début de la montaison, c’est-à-dire du stade «épi 1 cm» de la céréale. En coupant le brin principal dans le sens de la longueur, il est possible de repérer ce stade (voir schéma). On peut aussi l’anticiper quand on commence à voir les feuilles des céréales se redresser. Les situations peuvent être très variées, il est toujours difficile de donner une tendance générale : le plus simple est d’aller observer ses céréales en utilisant la méthode présentée ici.

Le 6 mars, les parcelles des zones basses s’en approchent (ou l’ont peut-être atteint pour des variétés précoces à montaison). Malgré le froid des derniers jours, l’année est précoce.

Le mot d’ordre est qu’il faut aller dans les parcelles pour surveiller l’arrivée de ce stade : la météo, à cette période, peut vite changer (alternance de froid avec des périodes plus douces, pluies aléatoires) : les créneaux pour passer sont parfois limités, il s’agit donc d’anticiper pour être prêt.

La bonne dose aux bonnes conditions

La dose à apporter est fonction de l’objectif de rendement, de l’espèce (voire de la variété pour les blés), du reliquat azote en sortie d’hiver (voir encadré), du type de sol, du précédent (prairie ou pas). Pour une céréale, on peut fractionner l’azote tout au long de la montaison, jusqu’à la sortie de la dernière feuille voire le gonflement pour les triticales.

Le prix de l’azote reste élevé (même s’il a baissé ces dernières semaines), les conditions d’efficacité de l’apport sont primordiales : pour qu’un apport soit bien valorisé par la plante, il faut 15 mm de pluie dans les 15 jours qui suivent. Si les prévisions météo ne garantissent pas cette condition, on peut jouer sur le fractionnement, afin de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. En temps normal (pas de risque de sécheresse dans les jours qui suivent le stade épi 1 cm), on va apporter la moitié à 2/3 de la dose, puis le reste 3 à 4 semaines après.

 L’important est de faire ce premier apport dans une période qui encadre le stade épi 1 cm.

Avec l’arrivée des pluies, il était peut-être judicieux de l’avoir fait le week-end dernier ou ce tout début de semaine sur les céréales des zones basses ou moyennes. Si c’est un peu tôt par rapport à épi 1 cm, on peut diminuer la dose et réserver une dose plus importante pour le courant montaison entre 2 passages de pluie.

 Pour les zones hautes, qui sont décalées de 2 à 3 semaines, la stratégie serait d’attendre encore en faisant le pari que les pluies annoncées ne durent pas un mois !

 Le tableau 1 donne quelques repères de fertilisation azotée selon les régions naturelles du département. voir l'article en entier