Quel impact du froid sur les céréales ?

Le coup de froid de la semaine dernière est intervenu sur des céréales peu ou mal endurcies (voire désendurcies), avec des sols humides. Les quelques centimètres de neige auront un très léger effet isolant pour limiter le refroidissement du sol. Des dégâts ponctuels sont à craindre.

Les températures sont devenues durablement négatives la semaine dernière sur une moitié nord-est du pays. Si les températures sous abri ne sont pas extrêmes par rapport à ce que l’on a connu lors de précédentes campagnes, il ne faut pas oublier que la résistance au froid des plantes est fluctuante, et très dépendante du scénario climatique précédant l’arrivée du froid.

Pour s’endurcir, les plantes requièrent plusieurs conditions : être à un stade encore jeune (préférentiellement début tallage) et être progressivement exposées à des températures de plus en plus froides, sans alternance avec des épisodes « désendurcissants » (c’est-à-dire des températures nettement positives, autour et au-delà de +10°C).

Certains éléments réduisent encore la résistance au froid : les faibles rayonnements et l’application de certains herbicides.

Des conditions 2021 peu favorables à une résistance élevée

Ainsi, les conditions climatiques sont peu propices à un niveau élevé de résistance au froid (températures douces début février, temps maussade pratiquement partout en France depuis l’automne).

D’un point de vue physiologique, les cultures semblent globalement regroupées autour du stade tallage, avec peu de situations très précoces ou très tardives (conséquences des semis très regroupés entre mi-octobre et fin novembre).

Les sols humides agissent par contre de manière ambiguë : dans un premier temps, l’eau contenue dans les sols ralentit l’abaissement des températures. Mais par la suite, elle aura pour effet de ralentir le réchauffement (forte inertie thermique). A cela, il faut rajouter les contraintes mécaniques que va exercer la glace sur les plantes, à commencer par les risques de cisaillement en surface ou de déchaussement (notamment en sols crayeux ou caillouteux).

Quelles conséquences pour les cultures ?

Les conséquences de l’épisode de gel sont donc difficiles à prévoir à grande échelle. D’une manière globale, les températures minimales ne seront sans doute pas assez froides pour altérer significativement les céréales d’hiver (blé tendre, orge) semées à des dates intermédiaires.

Des dégâts foliaires seront très probables, notamment là où le vent sera très présent, et la neige trop peu épaisse pour recouvrir totalement les plantes

Compte-tenu de leur sensibilité intrinsèque, les espèces de printemps semées en automne (orge de printemps, blé dur) sont exposées à des dégâts. C’est sur ces parcelles que l’attention doit se porter en priorité.

Mais les parcelles semées très précocement (et donc aujourd’hui à des stades avancés) ou à l’inverse très tardivement (en cours de levée ou avant tallage aujourd’hui) sont également très exposées car peu résistantes.

Le retour de conditions plus douces devrait permettre d’observer rapidement la reprise des cultures. Néanmoins, le coup de froid va freiner significativement le développement des cultures : si la seconde moitié de février et début mars ont des températures conformes aux normales de saison, le stade épi 1 cm pourrait être retardé de près d’une semaine dans la moitié nord-est de la France.

 

Jean-Charles DESWARTE  et  Olivier DEUDON - Arvalis