Qui mange de la viande sous 40°C ?

L’Europe du Sud croule sous des chaleurs extrêmes avec une consommation de viande bovine qui s’effondre. La moitié nord du pays reste stable avec une météo estivale sans excès.

Conjoncture – Dans une Europe du Sud qui croule sous des chaleurs extrêmes et où la moitié des pays subissent un risque majeur de sècheresse, l’heure est à la protection des hommes et des animaux. Les ombrages, l’abreuvement et la ventilation sont les actions prioritaires menées par les éleveurs, quelle que soit la production engagée. Les mouvements d’animaux sont également fortement perturbés avec une concentration sur les heures les moins chaudes de la journée et dans des camions adaptés (ventilation et abreuvement) lors des longs transports. Cela amoindrit beaucoup les mouvements à l’export.

Du côté de la consommation, les pays du sud de l’Europe sont comme le sud de la France sous des chaleurs extrêmes, avec des consommateurs qui vont préférer un melon, une tranche de pastèque ou des tomates à la place d’une partie de barbecue. En Allemagne, la situation est également tendue avec un fort recul des commandes, notamment dans les jeunes bovins.  En France, le niveau de l’offre est limité avec des éleveurs qui sont surtout préoccupés par les travaux de fenaison et des moissons qui remontent sur le nord du pays.

La saison estivale est bien lancée, avec une consommation très différente en fonction de l’impact de la chaleur. Les températures caniculaires pénalisent sérieusement la consommation de viande rouge (le porc est également impacté) dans le sud du pays, alors qu’un climat estival sans excès prévaut sur la moitié nord.

Globalement, les ventes de produits à griller sont à la baisse, et les stocks gonflent sur les pièces arrière. Les abattoirs proposent des produits à prix cassé pour écouler plus de produits avec des situations assez paradoxales dans certains magasins où le rôti de bœuf en promo se retrouve en dessous du steak haché.

Les abattoirs ont des besoins limités face à une concurrence à l’import féroce, car si les tarifs des réformes laitières se sont rétractés de 0,20 à 0,30€ en un mois, l’écart entre la vache O allemande et Française reste de 0,60 à 0,80€. Les prix continuent de baisser sur l’ensemble des pays de l’UE avec une majorité des vaches O de conformation valorisée entre 3,60 et 3,90€. Cette tendance baissière est également observée dans les jeunes bovins avec toujours la Pologne et l’Allemagne en bas de l’échelle avec des JB-R autour de 4,40€.   

Les éleveurs subissent avec une certaine impuissance cette guerre commerciale que se livrent les grands acteurs de ces marchés, sur fond de décroissance de consommation. Ce phénomène s’explique très bien par l’envolée des prix de 2022 où le marché de la viande avait connu le même sort qu’en 2013. Sauf que cette fois-ci, l’inflation accentue ce déséquilibre. La cible visée par cette guerre commerciale est le minerai qui est la base de la consommation, que ce soit en steak haché en France ou en boulette de viande dans d’autres pays. Les races allaitantes sont pour le moment relativement épargnées, même si la tension monte sur l’entrée de gamme dont le débouché final est le passage au hachoir. Les Charolaises ont perdu quelques centimes, alors que les Limousines, Aubrac ou Blondes d’Aquitaine résistent plutôt bien.