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Rats taupiers : des frémissements après deux ans d’accalmie
Des foyers, modestes, sont recensés en cette fin d’automne, un peu partout dans le département. En prévision d’une possible reprise au printemps, la FDGdon appelle à la lutte.
Ce vendredi matin à Pailherols, l’assemblée générale de la FDGdon(1) était aussi clairsemée que les pullulations de campagnols cette année. La participation des éleveurs étant ainsi régulièrement proportionnelle à l’intensité des monticules dans les prairies. Les surveillances réalisées dans tout le département par la Fédération cantalienne épaulée par plusieurs structures ont ainsi confirmé une situation au vert ce printemps tant sur la densité de rats taupiers que de taupes, mais les voyants sont en train de s’allumer à la faveur de cet automne toujours humide avec de petits foyers identifiés un peu partout sur le territoire. D’où l’incitation à la vigilance lancée par les responsables de la FDGdon.
Au chaud cet hiver dans l’herbe haute
“Avec la pousse d’herbe assez forte qu’on a eue, dans les parcelles qui n’ont pas été fauchées, ils vont passer l’hiver au chaud. Si les conditions climatiques le permettent, il faut donc remettre un coup de collier sur la lutte cet hiver, que ce soit sur les rats ou les taupes, et surveiller la reprise au printemps”, a prévenu Pierre Lestrade, animateur de la fédération.
D’autant que comme l’a expliqué Coralya Vullion, coordinatrice des programmes de recherche sur ce rongeur au Sidam(2), cette nouvelle génération active en sortie d’hiver se reproduit rapidement et cause énormément de dégâts.
Une lutte dont le coût est aussi grandement atténué par le FMSE (fonds de mutualisation sanitaire et environnemental) dans le cadre des contrats quinquennaux de lutte souscrits par les éleveurs et dont les bilans ont été présentés lors de cette réunion : 840 ont été signés dans le Cantal, parmi lesquels 69 adhésions manquent toujours à l’appel malgré trois relances courrier. Au terme d’un nouveau et dernier contact téléphonique, faute de paiement, ces contrats seront caduques, n’ouvrant plus droit à indemnisation des moyens de lutte, a prévenu Géraud Fruiquière, qui coprésidait l’AG avec Jean-Louis Mialet et Jean-Michel Fages(3) : “On l’a assez martelé, le discours a été clair, on sera ferme.”
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Programme FMSE : recaler les calendriers
Au titre du programme 2021, ce sont quasiment 950 000 € d’indemnisations qui ont été versées en novembre dernier aux 408 dossiers retenus (sur 418 déposés), soit 2 318 € en moyenne par exploitation. Un montant, de loin le plus élevé à l’échelle nationale, qui témoigne de l’engagement réel des agriculteurs cantaliens dans la lutte contre ce fléau cyclique. “Cela nous donne aussi une légitimité quand on sollicite des aides pour les pertes fourragères”, relève Géraud Fruiquière. En 2022, seuls 269 dossiers ont été déposés, l’intensité des pullulations ayant en effet rendu la lutte vaine dans bien des endroits. Ces dossiers seront examinés en début d’année prochaine pour un règlement courant 2025 selon les informations communiquées par le FMSE. Parallèlement, ce sont 2,8 millions d’euros qui ont été versés à 749 exploitations au titre des pertes fourragères de 2022.
Quant au programme 2023, désormais calé sur l’année civile, il sera probablement clôturé en juin 2025 et la FDGDon a déjà ouvert - depuis mi-novembre et jusque fin mars prochain - des rendez-vous avec les agriculteurs concernés pour déposer leur demande. Ce calendrier - avec un décalage de trois ans entre les frais de lutte déployés et leur indemnisation - n’a pas manqué une nouvelle fois de faire réagir dans l’assemblée, quand bien même les éleveurs s’y sont en partie résignés.”On a les moyens d’aller plus vite, il faut qu’on arrive à réduire ces délais, il en va de notre crédibilité vis-à-vis de nos adhérents”, a abondé Christian Munier, vice-président de la Fredon Auvergne-Rhône-Alpes.
(1) Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles.
(2) Service interdépartemental des chambres d’agriculture du Massif central.
(3) Le président Simon Veschambre étant excusé pour raisons médicales.