Récit de l’aventure des adhérents de la cave romane de Brinay

Les vignerons de la Cave romane de Brinay fêtent leurs trente ans. Bel âge, belle maturité pour cette coopérative qui a permis d’impulser un peu plus le quincy. Récit de l’aventure de ses adhérents.

C’est en 1993, suite à la réforme de la Pac et une conjoncture agricole difficile, que des agriculteurs ont cherché à diversifier leur exploitation. Sept d’entre eux*, des communes de Quincy et de Brinay, ont opté pour la viticulture en achetant et replantant une quinzaine d’hectares de vignes. « Il manquait la cave, un lieu de vinification. Parallèlement, la question se posait de rénover un ancien bâti de ferme dans le bourg de Brinay, appartenant à la municipalité. Les futurs viticulteurs et le maire, Raymond Tatin, soucieux de garder ce patrimoine, se sont entendus pour qu’il devienne une cave à destination des nouveaux viticulteurs », relate Vincent Siret, président de la structure Cave romane de Brinay.

Les premiers millésimes sont sortis en 1994, l’AOC prenant un autre tournant avec l’arrivée de nouveaux professionnels.

En 1995, six autres** agriculteurs et viticulteurs ont rallié l’aventure en rachetant 15 ha. En 1999, les vignerons ont acheté un domaine de 35 ha nommé Maison Blanche à Quincy, et ont accueilli deux jeunes qui s’installeront les années suivantes : Valérie
Renaudat et Vincent Siret.


TRAVAIL EN COMMUN ET MUTUALISATION DES OUTILS

« La Cave romane de Brinay est avant tout une coopérative où chacun des vignerons élève son propre vin en utilisant les outils de vinification en commun. C’est unique en France d’avoir un lieu qui fonctionne ainsi », affirme Vincent Siret. Le collectif participe ainsi au développement de l’appellation quincy et à sa notoriété.

Les associés de la cave mettent à profit leurs compétences. « Nous travaillons de façon collective, le travail dans les vignes, les vendanges s’effectuent grâce à du matériel personnel ou en Cuma. Nous avons investi dans des matériels modernes de vinification, dont une cuverie inox thermorégulée et des pressoirs automatiques. Nous avons également recruté en 2010 du personnel, dont trois œnologues et un chef de cave », continue le président.

Progressivement, certains des 16 domaines vont se diversifier en rouge, en rosé et produire du reuilly et du châteaumeillant. Le nombre d’hectares a augmenté passant de 15 à 150 ha, tout comme le nombre de bouteilles qui atteint aujourd’hui 1 100 000 bouteilles chaque année.

Depuis 2022, le chai a été rapatrié à Quincy au domaine de Maison Blanche, dans un souci de place.


CHAQUE DOMAINE A SON IDENTITÉ

« Les premiers agriculteurs ont créé cette cave qui leur permet de vinifier et de conditionner leur vin en gardant l’identité et les spécificités de leur domaine. Ce point est important. C’est notre ADN ! », soutient Vincent Siret. En effet, chacun garde la typicité de son vin, est libre de le travailler comme il l’entend. Chaque cuvée est particulière.

"C’est notre image de marque et nous restons ainsi compétitifs."

L’émulation entre associés et le fait de côtoyer les autres vignerons de l’appellation ont fait progresser individuellement chacun, et l’appellation. « Nous nous entendons bien et nous sommes tirés vers le haut, aucun n’a le souhait de partir, ajoute-t-il. C’est pour ça que nous voulions fêter nos 30 ans. Afin de marquer le côté pionnier de notre affaire et de soutenir l’entreprise ». Et qu’en sera-t-il de la nouvelle génération ? « C’est vrai que nous espérons transmettre l’idée de nos parents somme toute originale. L’appellation se porte bien. Donc, j’espère que chaque domaine aura un repreneur, un jeune à installer », souhaite Vincent Siret.

 

*Jean Tatin, Philippe Portier, Gérard Bigonneau, Jacques Masson, Antoine Lestourgie, Jean-Charles Borgnat, Chantal Wilk.

**Jean-Claude Roux, Jacques Bailly, Philippe Nivet et Michel Savoie, Bruno Lecomte, Jacques Siret, Didier Rassat.