Tony Rondeau, futur installé et Mister France agricole 2023 : « Écrire une nouvelle page de l'histoire de la ferme »

Le 17 décembre dernier, Tony Rondeau, salarié agricole, responsable d'un troupeau d'une centaine de vaches laitières à Chauvé (44), a été élu « Mister France agricole ». Le jeune homme de 21 ans, qui prépare activement son installation, estime que ce titre est une opportunité pour communiquer de manière positive sur l'agriculture.

Décrocher le titre de « Mister France agricole », ce n'était pas le rêve le plus cher de Tony Rondeau. Le rêve le plus cher de ce jeune homme de 21 ans, depuis près d'une dizaine d'années, c'est d'avoir des vaches laitières et de les élever dans sa propre ferme. Ce rêve, qui lui semblait bien lointain lorsqu'il était enfant, devrait se concrétiser dans quelques mois. Mais en attendant cette installation, Tony Rondeau a accueilli avec fierté et sens des responsabilités le titre de Mister France agricole 2023, qui lui a été décerné le 17 décembre.

Un concours amical pour faire parler d'agriculture

Le concours de Miss et Mister France agricole est un concours amical qui se déroule sur Facebook, en même temps que le concours de Miss France. Il a été imaginé il y a quelques années comme un moyen de communiquer positivement sur l'agriculture. Le concours se fait sur photos avec une présélection sur le nombre de « likes », puis une sélection définitive par un jury qualifié. Cette année, 129 femmes et 102 hommes se sont présentés pour le titre de Miss et Mister France agricole, auxquels se sont ajoutés 56 filles et 38 garçons pour les titres juniors (moins de 18 ans).

Tony s'est inscrit pour la première fois cette année, entraîné par un collègue de son stage de préinstallation : « Je savais que j'avais une bonne photo. Elle a été prise par mon frère et elle montre la complicité entre ma génisse et moi ». Selon lui, c'est grâce à « l'effet vache », et aussi à son texte optimiste, qu'il a obtenu un grand nombre de « J’aime » (1100) et s'est donc retrouvé parmi les 20 présélectionnés. Il ne croyait toutefois pas plus que cela à sa victoire, puisqu'au moment de la proclamation des résultats (le 17 décembre, en direct, en même temps que l'émission Miss France), il dormait déjà du sommeil de celui qui se lève tôt pour la traite. « Ce sont les coups de fils des amis qui m'ont réveillé ».

Dans cette aventure de Miss et Mister France agricole, Tony est accompagné de Pauline, jeune viticultrice dans le Gard. (photo page facebook élection Miss et Mister France agricole)

Invité au Salon de l'agriculture

Surpris, mais pas effrayé, Tony prend ce titre comme l'opportunité de communiquer autour de sa passion, de rencontrer le grand public et de vivre de nouvelles expériences : l'un des moments forts de son année de Mister agricole sera la remise de l'écharpe officielle et sa présence, durant trois jours, au Salon international de l'agriculture, les 25, 26 et 27 février. « Ce sera la première fois que je vais dormir à Paris », se réjouit-il. L'un des souhaits de Tony est de rencontrer la présidente de la région des Pays de la Loire, Christelle Morançais, mais nul doute que beaucoup d'élus se battront pour être en photo à ses côtés !

Depuis son élection à lui, Tony a déjà commencé à communiquer positivement sur l'élevage laitier auprès de nombreux médias (locaux pour le moment) et lors des vœux du maire de la commune de sa future ferme (Chauvé, 44). « Je n'ai pas de mal à prendre la parole en public, je n'ai rien à cacher, j'ai confiance. »

Non issu du milieu agricole, Tony Rondeau adore communiquer sa passion pour l'élevage laitier. Il saura s'y employer durant l'année à venir, qui devrait être aussi celle de son installation. (photo Catherine Perrot)

Le parcours de Tony est assez emblématique de ce que pourraient être les éleveurs de demain : fils d'un mécanicien et d'une aide-soignante, Tony grandit à Saint-Père en Retz (44). Il n'y a pas d'agriculteurs dans sa famille, mais ses voisins sont éleveurs laitiers ; dès qu'il le peut, il file leur donner un coup de main pour la traite. « Au début, je n'avais le droit d'aller à la ferme des voisins que lorsqu'il n'y avait pas école le lendemain... Et puis ma mère a fini par céder : j'y allais tous les jours après le collège, et le week-end, je me levais à 6 h 30 pour la traite ».

Paul, l'éleveur voisin, lui transmet son savoir sur les animaux, les matériels, les terres. « Très vite, il m'a fait confiance, j'ai pu faire des traites seul ». Dès qu'il a 16 ans, Tony est évidemment « repéré » par l'association de remplacement locale, pour laquelle il va travailler durant trois ans, tous les week-ends et vacances scolaires.

« Je suis très carré »

Côté études, Tony fait preuve des mêmes détermination et qualité de travail, puisqu'il obtient ses Bac CGEA et BTS ACSE avec mention très bien. Il parvient à cumuler ses études, ses stages d'apprentissage et ses missions de remplacement. C'est lors de remplacements fréquents chez eux qu'il rencontre les associés du Gaec du Roseau, à Chauvé (44) et que ces derniers lui proposent de devenir salarié, d'abord en temps partiel, puis en temps plein depuis septembre 2022. Entre temps, Tony a aussi trouvé le moyen de suivre un Certificat de spécialisation (CS lait) à la chambre d'agriculture des Pays de la Loire.

Très vite, dans cette importante ferme (140 vaches au début de son contrat), Tony a en charge le troupeau laitier, il s'investit, prend des initiatives. « J'ai réorganisé pas mal de choses, je suis très carré », reconnaît-il. Son travail est remarqué et apprécié, en particulier par les anciens associés de ce Gaec, connu localement pour être à la pointe de la technique et de l'agriculture sociétaire (le Gaec a compté jusqu'à 7 associés). « Leur confiance est précieuse », apprécie Tony. Comme le jeune homme exprime le souhait de pouvoir s'installer en individuel, plusieurs des anciens associés vont l'y aider, notamment en lui vendant les terres du siège d'exploitation.

La mascotte de Tony, et pour l'instant la seule vache qu'il a en propriété, c'est Suzette, une croisée Holstein-Montbéliarde née prématurée et que Tony a dû biberonner. (Photo Catherine Perrot)

Une transmission complexe, de Gaec familial à exploitation individuelle

L'entreprise de transmission n'est pas aisée, puisque le Gaec a un passé familial complexe et qu'il a connu des péripéties diverses (retraites, maladies, héritages, brouilles...). Un accord est en train d'être trouvé avec le dernier associé restant : Tony va récupérer la partie laitière du Gaec, tandis que Bruno, le dernier associé, devrait continuer avec les cultures et des bœufs.

Pour que son installation soit vivable en terme de travail, le jeune homme va réduire le nombre de vaches, sans doute autour de 70. Comme il part déjà d'un excellent troupeau, il ne va garder que la crème de la crème. Son troupeau, il le veut composé de vaches charpentées, sans soucis de santé, qui vieillissent bien. « Je ne veux élever que 20 génisses par an ».

Tony va garder la salariée qui s'occupe actuellement de la traite matinale, et, comme il y aura moins de vaches qu'aujourd'hui, il envisage de la former à d'autres tâches. Ses projets sont aussi d'intensifier le pâturage, de passer en complémentation individuelle, et, peut-être d'investir dans un robot de traite dans quelques années.

Même si l'installation est complexe, Tony se réjouit de pouvoir bénéficier d'un troupeau exceptionnel, de bâtiments anciens (des années 1970) mais « visionnaires », parfaitement adaptés aux étés chauds, d'un parcellaire regroupé, d'une salle de traite confortable, de silos de stockage de grande dimension. La ferme n'est pas « clinquante » au premier regard, mais Tony en connaît tout le potentiel. Il se sent ici déjà « chez lui », même s'il n'est pas certain de pouvoir racheter la maison contiguë. « Une page de l'histoire de la ferme se tourne. Mais je suis prêt à en écrire une nouvelle ».