Tournesol : fin de la lutte obligatoire contre le mildiou, et après ?

Le ministère de l’Agriculture a discrètement abrogé l’arrêté de 2005 encadrant la lutte obligatoire contre le mildiou du tournesol. Une décision passée presque inaperçue, mais qui change les règles du jeu pour les producteurs.

Depuis 2005, le mildiou du tournesol faisait l’objet d’un dispositif réglementaire strict : foyers signalés, mesures imposées. Mais le 31 juillet 2025, un nouvel arrêté a tout bonnement abrogé ce cadre, publié au Journal officiel du 7 août. Résultat : plus d’obligation officielle. La gestion de la maladie retombe désormais dans les mains des agriculteurs.

La maladie n’a pourtant pas disparu. Dans certaines zones humides ou sur sols lourds, elle peut encore détruire une partie des pieds dès le stade plantule et réduire fortement le rendement. Certes, les variétés tolérantes et les traitements de semences ont limité les dégâts, mais le risque reste bien présent.

Plus d'autonomie... et plus de risques 

L’abrogation de l’arrêté ne signifie pas la fin de la lutte contre le mildiou, mais elle marque un tournant dans la manière dont elle est encadrée. Les agriculteurs ne sont plus soumis à une obligation réglementaire spécifique, mais doivent désormais gérer seuls la maladie selon leurs propres choix agronomiques. Cela implique une plus grande autonomie dans les décisions techniques, notamment en matière de variétés, de traitements et de rotations. En contrepartie, la responsabilité individuelle des producteurs est renforcée. En cas d'épidémie locale, c'est à l'agriculteur de réagir vite pour limiter la casse. 

Une filière en croissance, sous vigilance

En 2024, la sole française de tournesol s’est établie à environ
757 000 à 759 000 hectares, soit un recul d’environ 8 % par rapport à 2023, année record au-dessus des 830 000 ha (sources : Agreste, Terres Inovia). La production est estimée à 1,7 million de tonnes, en baisse mais proche de la moyenne quinquennale. Le tournesol confirme ainsi son attractivité dans les systèmes de culture français, notamment en zones intermédiaires. Sa place dans les rotations, sa résistance relative à la sécheresse et son intérêt économique en font une culture en développement. La croissance du tournesol s’accompagne d’un défi sanitaire : contenir le mildiou alors que les solutions chimiques se raréfient et que la réglementation se durcit. 

Les instituts techniques, les coopératives et les conseillers agronomiques auront un rôle clef à jouer pour accompagner les producteurs dans cette nouvelle phase. Les producteurs, eux, devront arbitrer entre contraintes économiques, efficacité agronomique et risques sanitaires. La fin de l’obligation ne veut pas dire qu’il faut baisser la garde. Le mildiou n’a pas disparu, et c’est désormais aux producteurs et à la filière de trouver les bons outils pour le contenir.