Trois clés pour bien utiliser les huiles essentielles en volailles

L’emploi d’huiles essentielles est une stratégie sanitaire préventive intéressante pour réduire l’usage des antibiotiques. Mais il doit être réalisé en suivant certaines règles de base.

Les produits à base d’huiles essentielles sont de plus en plus appliqués en élevages avicoles, mais qu’en est-il réellement de leurs conditions d’emploi et de leur efficacité ?

Une douzaine d’éleveurs de poulets de chair et de canards mulards, engagés dans un plan de progrès sanitaire (ou sans antibiotique), ont fait un retour d’expériences à l’Itavi dans le cadre du projet EcoAntibio Colphy².  

Généralement administrées par l’eau de boisson en tant qu’aliment complémentaire, les huiles essentielles sont utilisées pour accompagner des maladies bactériennes dès les premiers signes, ou en prévention au démarrage, en cas d’analyse bactériologique positive ou de risque avéré. Elles ont permis à ces éleveurs de réduire drastiquement l’usage des antibiotiques.

Trois règles sont à respecter pour une utilisation efficace de ces produits.

1 Cibler le choix du produit

Le choix se fait selon la recommandation du vétérinaire (après diagnostic) et/ou du technicien. Pour cibler le produit le plus adapté à l’élevage, il est possible de tester la sensibilité d’une bactérie isolée vis-à-vis de différentes préparations commerciales d’huiles essentielles, à l’image d’un antibiogramme.

C’est le cas du Phytogramme développé par le Résalab. Cet outil in vitro permet de tester la sensibilité d’une bactérie isolée d’un animal vis-à-vis d’un produit commercial à base d’huiles essentielles (HE). La bactérie est déposée sur une gélose comportant des puits, remplis chacun d’un produit commercial à base d’HE. La solution qui inhibe le plus le développement de la bactérie dans la gélose montrera un diamètre d’inhibition autour du puits le plus grand, et sera donc le produit le plus efficace.

L’immense majorité des éleveurs (70 à 100 %) perçoit très positivement cette démarche et considère que c’est une stratégie intéressante pour limiter le recours aux antibiotiques.

2 Prendre des précautions d’emploi

Bien que les produits à base d’huiles essentielles soient issus de plantes, ils sont puissants et très concentrés. Il est mal connu qu’ils peuvent comporter certains risques pour l’utilisateur et les animaux : irritation de la peau ou des voies respiratoires, toxicité pour les reins ou le foie. C’est pourquoi, il est recommandé de :

Revêtir un équipement de protection individuelle (EPI) lors de leur manipulation ; conserver les flacons hors de portée des enfants ; les enfants et les femmes enceintes doivent éviter de les manipuler ; ne pas utiliser de produits à base d’huiles essentielles avec du peroxyde présent dans l’eau pour éviter les dégradations des molécules aromatiques ; bien fermer les flacons pour assurer une conservation correcte et couvrir les bacs de traitement.

3 Distribuer après avoir fait cinq vérifications

- Utiliser le produit adapté au problème de l’élevage ;

- Traiter dès les premiers signes ;

- Respecter les recommandations d’usage (dose, durée) ;

- Vérifier la consommation d’eau et donc du produit ;

- Avoir une eau de bonne qualité et un circuit propre.

Des utilisateurs collaboratifs

Les éleveurs et les techniciens participant au projet ont exprimé leur souhait de mieux connaître les huiles essentielles, leur réglementation, leurs propriétés et leurs modalités d’usages. Ils ont proposé des pistes d’amélioration pour en faciliter l’usage, telles que la texture moins épaisse pour éviter de boucher les pipettes, une odeur et un goût moins forts, une plus grande rapidité d’action et un élargissement de l’éventail des solutions proposées après le diagnostic.

Une plaquette d’information et de sensibilisation sur l’intérêt du diagnostic préalable sera disponible sur le site web de l’Itavi d'ici la fin de l'année.