Viande bovine : le recul de l’offre inquiète les industriels

Les disponibilités pour les prochaines semaines seront faibles, avec des éleveurs qui ont plus vendu pendant la période de sécheresse et qui profitent du reverdissement des prairies.

Bovins de boucherie – La fin septembre et le mois d’octobre sont toujours des périodes tendues en termes de consommation avec des budgets qui ont été impactés par la rentrée scolaire, les nombreuses promotions et les foires aux vins de rentrée, mais surtout par la forte progression des charges des ménages avec l’énergie en tête. La commercialisation des pièces nobles (aloyaux) revient sur le devant de la scène avec un équilibre matière difficile à gérer pour les industriels. L’écoulement pose moins de problèmes dans les avants, car une majorité de la population consomme la viande sous forme hachée ou préparée essentiellement produite à base de laitière, d’avant de race à viande d’entrée de gamme ou de jeunes bovins.

En face de ce mouvement de décroissance de la consommation de viande bovine, ce sont les disponibilités dans les campagnes qui s’amoindrissent sérieusement. Si on compare en moyenne glissante les 4 dernières semaines de 2021 et de 2022, les abattages sont passés de 60 600 bovins par semaine à 58 600. Les disponibilités pour les prochaines semaines seront faibles, avec des éleveurs qui ont plus vendu pendant la période de sécheresse et qui profitent du reverdissement des prairies. Les engraisseurs spécialisés, qui ont été fortement sollicités pour la rentrée, ont moins de stocks et peinent à assurer leurs rotations, faute d’offre suffisante. De nombreux éleveurs profitent des tarifs attractifs dans la viande pour vendre leurs animaux à peine finis aux abattoirs plutôt que dans le maigre. Du côté de la production laitière, les éleveurs rallongent la durée de lactation pour rattraper le retard de production de cet été. Le retour de l’herbe dans certaines régions permet également un rafraîchissement des animaux en manque de finition. 

L’enjeu de demain sera de faire coïncider l’offre à la demande, dans un contexte de forte décroissance de la production. Les jeunes générations urbaines ont une perception beaucoup plus fine du bien-être animal et beaucoup plus flexible dans leur alimentation. La tendreté et la qualité gustative (persillée de la viande) sont recherchées et correspondent à la volonté de montée en gamme de la profession. Mais les chiffres montrent également une recherche de prix de la part d’une population moins aisée qui peine souvent à boucler la fin du mois. Cette demande du moins-disant s’appuie sur une très grande hétérogénéité de la production française dans ses races et dans les pratiques d’élevage. Les prospectives de décrochage de la production allaitante (-600 000 animaux d’ici 2030) inquiètent sérieusement la filière aval, avec une mutation qui va s’accélérer dans les capacités d’abattage.

Le salon du Space à Rennes a été résolument tourné vers la souveraineté alimentaire de la France, mais pour cela il faut redonner de l’attractivité à ce beau métier d’éleveur, en donnant avant tout une rémunération décente des productions en accord avec les coûts de production et des perspectives d’avenir. Le renouvellement des générations est crucial avec des jeunes éleveurs qui devront mettre en adéquation leur production avec les enjeux climatiques. L’élevage français a des valeurs, qu’il faudra défendre face à une montée en puissance des protéines végétales et peut-être des viandes synthétiques dans les décennies à venir.

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