Blocages le 11 juin pour dénoncer les « distorsions »

A l’appel de la FNSEA, 14 raffineries et dépôts pétroliers seront bloqués pour dénoncer les importations distorsives. Cette mobilisation nationale débutera dans la nuit de dimanche à lundi.

Le catalyseur de la mobilisation qui débutera dans la nuit de dimanche à lundi : les annonces concernant la raffinerie Total de La Mède. Ces 300 000 tonnes d'huile de palme qui viendront empiéter sur 1/3 des volumes de la filière colza biodiesel. La FRSEA Ile-de-France estime que ce sont « 500 000 hectares de colza » qui seront impactés par ces importations, sur les 1,5 millions que compte la filière. 

Le syndicat communique sur un peu moins de 15 points de blocages en France et prévoit une mobilisation d'ampleur sur 3 jours, renouvelable « en fonction de la réaction du gouvernement » précise Damien Greffin, président de la FRSEA Ile-de-France. Il insiste « on est ignoré et méprisé par le gouvernement (...) donc on instaure le rapport de force. »

Sur le dossier de la raffinerie de La Mède « les éleveurs et les céréaliers sont mains dan la main. » En effet, la baisse d'assolement en colza pourrait avoir un impact sur l'alimentation animale. Mais la Mède n'est que la goute d'eau qui a fait déborder le vase. Pour Damien Greffin, le « ras-le-bol » vient des « nombreuses incohérences » du gouvernement alors que les agriculteurs « ont besoin d'une feuille de route claire. » 

Distorsions de concurrence

Parmi les exemples cités, les accords de libre-échange CETA et Mercosur. « N'importons pas l'agriculture dont nous ne voulons pas » indique la FNSEA dans un communiqué. « Dans les produits qui vont être importés, il y a 43 molécules qui sont interdites en France » précise Cyril Milard, président de la FDSEA de Seine-et-Marne (77) à l'occasion d'un point presse. 

Autre incohérence soulignée : le projet de loi agriculture et alimentation qui, pour la fédération régionale, creuse le fossé de la compétitivité entre la France et ses voisins européens. Pour le syndicat « le constat est amer ». La FRSEA regrette « une loi trop timorée mais accompagnée de son éternel lot de charges et contraintes supplémentaires. » Par exploitation, le syndicat chiffre un surcoût allant de « de 4 000 à 5 000 euros. » Damien Greffin s'alarme « on ne va pas tenir longtemps ! »

Enfin, dans le viseur du syndicat également : la PAC. « On fait supporter à l'agriculture la baisse de budget, plus qu'elle ne devrait » précise Cyril Milard. Il insiste « la Brexit c'est 5 milliards et on nous en fait supporter 40 ! » Inquiet, le président de la FDSEA de la Seine-et-Marne rappelle que le soutien de la PAC couvre entre 60 et 70% des charges des exploitations. Pour Damien Greffin, « on est aux antipodes d'une politique ambitieuse. » Il se dit « inquiet » d'assister à la « renationalisation » de la PAC. Un vrai « détricotage » pour le président de la FRSEA pour qui le vrai combat est « comment on se donne les moyens de garder des agriculteurs en France. »