Les matières premières agricoles victimes du protectionnisme

L'agriculture est devenue depuis 2018 l'un des secteurs les plus affectés par la montée du protectionnisme dans le monde, selon une étude publiée par l'assureur-crédit français Coface.

"C'est le secteur le plus taxé par les droits de douane, mais ceux-ci ne représentent qu'un sixième des mesures protectionnistes" qui s'appliquent aux produits agricoles, le reste étant constitué de barrières non tarifaires, dont les normes phytosanitaires, a expliqué Julien Marcilly, l'économiste en chef de la Coface, lors d'une présentation à la presse le 17 octobre. "Un effet important sur le secteur agroalimentaire du contexte protectionniste, et particulièrement de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, se fait sentir sur les matières premières", d'après l'étude. 

Le soja, qui est utilisé à la fois pour l'alimentation humaine et l'élevage notamment des porcs, "est au coeur de la guerre commerciale", a expliqué la responsable des analyses sectorielles Sarah N'Sondé. Les importations chinoises de soja pèsent en effet 65% du total mondial, et environ 60% des exportations américaines sont destinées à la Chine. La Coface estime "que les cours du soja devraient baisser de 9% en 2019 par rapport à l'année précédente, à la fois du fait des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis mais également à cause de la grave épidémie de peste porcine africaine".

La guerre commerciale a pour conséquence une modification des routes d'importation, le géant asiatique se tournant davantage vers le Brésil et l'Argentine. Mais pour ces deux puissances agricoles sud-américaines, "le bilan est mitigé en raison de difficultés d'infrastructures et de la baisse des cours", a expliqué Mme N'Sondé. Sur les huit premiers mois de l'année, le Brésil a ainsi enregistré une chute de 20% des revenus tirés de ses exportations de soja brut et transformé. D'une manière générale, "quand les mesures protectionnistes se tendent, il y a une tendance à la baisse des cours", et celle-ci "devrait se poursuivre jusqu'à début 2020", selon Mme N'Sondé.

Outre la peste porcine, la chenille légionnaire d'automne "menace le marché mondial du maïs", avertit par ailleurs la Coface. Ce nuisible a commencé à faire son apparition en Chine, qui représente 30% de la production mondiale de cette céréale. "Un autre risque risque structurel pour ce secteur est lié aux conditions climatiques qui peuvent affecter les cultures, telles que les graves sécheresses ou le phénomène El Niño", toujours selon l'assureur-crédit.