Cristal Union intronise la betterave sucrière bio

Après deux campagnes d’essai, le groupe coopératif projette d’implanter en 2019 quelque 1500 ha de betteraves bio autour de sa sucrerie de Corbeilles-en-Gâtinais (Loiret). Moyennant un engagement pluriannuel des planteurs, la rémunération dépassera les 80 €/t.

La betterave sucrière était en France une des dernières denrées résistant à l'appel du bio. Une situation pas spécifique à notre pays du reste. En l'absence d'offre, difficile de mesurer l'appétence des consommateurs pour le sucre bio. Le groupe coopératif Cristal Union devrait tout prochainement être en mesure de la jauger. Une vingtaine de ses adhérents a en effet produit cet automne, sur 150 ha, environ 8.000 t de betteraves bio, livrées à la sucrerie de Corbeilles-en-Gâtinais (Loiret). La coopérative a donc levé, côté industriel, un premier frein à l'émergence d'une filière bio. Au champ, la production de betteraves bio n'est pas non plus une sinécure. Elle concentre plusieurs défis parmi lesquels figurent la disponibilité en parcelles éligibles à l'AB, la maîtrise des adventices et la gestion de la fertilisation azotée. Pour cocher ces trois cases, le groupe s'est tourné vers certains de ses adhérents cultivant de la luzerne, l'autre métier de la coopérative, en ciblant ceux certifiés en AB. La luzerne constitue en effet une excellente tête d'assolement pour la betterave, sous l'angle herbicide et azoté.

Un rendement moyen de 57 t/ha

« L'état sanitaire s'est avéré satisfaisant sur l'ensemble des parcelles bio, grâce à un matériel génétique très performant et à des applications précoces et efficaces de substances autorisées en agriculture biologique », indique la coopérative. En ce qui concerne la lutte contre les adventices, Cristal Union a expérimenté un prototype de bineuse inter-rang et inter-plant, développé par le constructeur britannique Garford (voir encadré). Résultats ? Un rendement moyen de 57 t/ha à 16° sur les 150 ha d'essai, à comparer aux 80 t/ha enregistrées en conventionnel sur le même bassin de production. Soit un écart de 40 % mais une valorisation supérieure à 80 €/t, additionnant prix unitaire et prime de fidélité pluriannuelle. Manque évidemment la composante des coûts de production pour jauger plus finement la rentabilité de la betterave bio, « jugée intéressante par les planteurs bio », affirme Cristal Union.

Prospection en Champagne et au Sud de paris

Fort de ses résultats, Cristal Union souhaite monte en puissance dès la prochaine campagne, sur les bassins de Champagne et du sud de Paris. En partenariat avec les Chambres d'agriculture et le Groupement d'Agriculteurs Bio d'Eure-et-Loir, le groupe organise des d'information les 11 décembre à Étampes (Essonne) et le 14 décembre à Gellainville (Eure-et-Loir). Cristal Union vise une sole de 1.500 ha en 2019. « Notre objectif est de répondre à la demande de nos clients industriels qui sont intéressés par un sucre bio, naturel et de qualité, qui soit également produit localement », souligne la coopérative. « Le sucre issu des betteraves bio sera complémentaire à celui issu de notre production conventionnelle qui restera majoritaire. Nous souhaitons répondre également aux demandes des agriculteurs convertis au bio qui nous sollicitent pour développer cette nouvelle culture et enrichir leur assolement. L'intérêt pour notre groupe coopératif est également d'enrichir nos connaissances agronomiques sur la betterave, qu'elle soit cultivée en bio ou en mode conventionnel, car l'ensemble des techniques alternatives qui sont expérimentées en bio sont transposables à la culture conventionnelle ».