Reliquats d’aides bio : la FNAB en appelle à la FNSEA

Dans une lettre ouverte à Arnaud Rousseau, les deux co-présidents de la FNAB demandent à ce qu’environ 300 millions d’euros, sur un reliquat de près d’un milliard d’euros, soit affecté aux agriculteurs bio, sous la forme d’une revalorisation de l’écorégime, avec un montant cible de 145€/ha.

« A ce moment charnière, nous formulons un appel simple : que toutes les organisations représentatives soutiennent avec détermination l’ambition d’un écorégime bio à 145€/ha », Tel est l’appel lancé vendredi par Olivier Chaloche et Loic Madeline, co-présidents de la Fédération nationale d'agriculture biologique (FNAB), dans une lettre ouverte adressée à Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. En jeu : le reliquat d’aides normalement dévolues à la conversion à l’AB et que le FNAB estime à un milliard d’euros sur la programmation 2023-2027 de la Pac.

La décroissance, c’est pour la bio

En cause : l’arrêt des conversions. Selon le bilan 2024 établi récemment par l’Agence bio, les surfaces en première année de conversion ont baissé de 8% en 2021, 40% en 2022, 10% en 2023 et 1% en 2024. Résultat : après de décennies de croissance, parfois à deux chiffres, et pour la deuxième année consécutive, le taux de SAU bio a reculé et semble avoir atteint un plafond de « vert » à 10%. Ce à quoi ne se résout pas la filière, certaine que l’AB constitue la parade aux défis environnements (alimentation, biodiversité, qualité de des sols, de l’eau, de l’air…) mais aussi sociétaux, les candidats à l’installation témoignant d’une forte appétence pour l’AB, selon Chambres d’agriculture France.

L’écorégime pas à la hauteur...

Problème : à la crise inflationniste des cinq ans passés (Covid, Ukraine) se sont ajoutés la profusion-confusion de labels verdoyants, le déréférencement en grande distribution, les défauts de structuration dans certaines filières ou encore la communication lilliputienne. Sans oublier la fin de la l’aide au maintien, définitivement entérinée dans la Pac 2023-2027 à laquelle quelques régions ont un temps suppléé.

Si la bio a bénéficié d’un régime de faveur au niveau de l’écorégime, la FNAB a toujours dénoncé le manque à gagner et accessoirement le différentiel limité à 30€/ha avec le niveau supérieur, peu contraignant. « 79% des exploitations de grandes cultures devraient, dans l’état actuel, accéder à l’un des deux niveaux de l’écorégime. Et 13% à ce stade exclues, devraient modifier 5% de leur assolement pour y parvenir » avait déclaré l’ex-ministre Julien Denormandie lors de la présentation du cadre du PSN 2023-2027 en mai 2021.

... et pas davantage Egalim à la cantine

D’où la requête de la FNAB de relever à 145€/ha le montant de l’écorégime bio, au lieu des 110€/ha théoriques et prévisionnels du PSN, finalement réduits à environ 90€/ha pour cause de succès, l’enveloppe budgétaire n’étant pas extensible. Fort d’une croissance à deux chiffres au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, l’Etat a misé sur la loi du marché pour rémunérer à leur juste valeur les produits bio et leurs producteurs, ce que la réalité a fait mentir. Mais dans le même temps, l’Etat s’était engagé, au travers de la loi Egalim d’octobre 2018, à consacrer 20% de la valeur des achats en restauration collective publique, puis privée et commerciale, aux produits AB. En 2024, on est loin du compte, quelque part entre 6 et 7%. « Il n’y aurait pas de crise du bio si jamais Egalim était respectée » affirmait le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau au congrès de la FNSEA en mars 2023, devant Arnaud Rousseau.

Avec la remise en cause de l’Agence bio et la réduction du budget du Fonds avenir bio, et bien que la ministre de l’Agriculture Annie Genevard s’en défende régulièrement, la filière bio estime ne plus être en odeur de sainteté dans les gouvernements successifs. D’où l’appel au président de la FNSEA.