Le guide de l’épargne pour les agriculteurs

Partie 4/7

Epargne-retraite : pourquoi il faut s'y intéresser

Les retraites agricoles sont d'un niveau extrêmement bas. La retraite par répartition n'étant pas suffisante pour la profession agricole, il faut examiner les solutions de retraite par capitalisation.

D'après le Conseil d’orientation des retraites, à l’horizon 2040, un agriculteur perdra en moyenne 60% de ses revenus mensuels en passant de l’activité à la retraite. En outre, le montant de sa pension sera probablement très faible : selon la MSA, la retraite moyenne des agriculteurs en 2019 était autour de 640 euros (740 euros pour ceux qui ont fait une carrière complète). Un montant dérisoire, au-dessous du seuil de pauvreté qui est de 1041 euros par mois.

Récemment, l’État a mis en œuvre un plan de revalorisation des retraites agricoles : rentré en vigueur au mois de novembre 2021, il garantit désormais un niveau de pension minimale à 85% du Smic, soit 1 035 euros nets par mois pour une carrière complète. Concrètement, environ 208 000 personnes touchent en moyenne 100 euros de plus de pension de retraite depuis le mois de novembre 2021. Financée par la solidarité nationale, cette hausse des petites pensions est sans impact sur les cotisations des actifs agricoles.

La retraite par répartition ne suffit pas

Les raisons pour expliquer les faibles montants de la retraite agricole sont multiples : absence de retraite complémentaire avant 2003, niveaux de revenus faibles, et, il faut le reconnaître aussi, des taux de cotisations en moyenne plus faibles que ceux d'autres catégories professionnelles ; en outre, comme dans les autres professions indépendantes, on cherche souvent à « optimiser » et donc à réduire les cotisations sociales.

Cette particularité fait que les agriculteurs sont un public pour qui la souscription de produits d'épargne dédiés à la retraite est très pertinente. Ces produits d'épargne fonctionnent par capitalisation, et ils viennent en complément du régime classique par répartition, qui s'avère insuffisant pour la profession agricole (mais aussi pour la plupart des Français, le rapport entre cotisants et retraités étant défavorable). Ces produits d'épargne sont en quelque sorte les « fonds de pension à la française », plus sécurisés cependant que les tristement célèbres fonds américains...

« Une épargne débloquée au moment de la retraite »

Le principe général de ces produits est simple : « Se constituer une épargne retraite à titre privé, tout en bénéficiant d'une déduction d'une partie de cette somme sur ses revenus professionnels », résume Corinne Pouchelle, responsable d'unité à Crédit Agricole Assurances, spécialiste des produits d'épargne retraite individuelle. « C'est une épargne longue, débloquée seulement au moment de la retraite ». Mais les cas de déblocage anticipé, surtout avec le nouveau PER, sont assez nombreux : décès, invalidité, surendettement, liquidation de l'entreprise et même achat de la résidence principale.

Les agriculteurs ne s'y sont pas trompés : selon les données de l'Insee, dans son étude sur le revenu et patrimoine des ménages (édition 2021 sur les patrimoines détenus début 2018), ils sont 29% à disposer d'un produit d'épargne-retraite, soit près du double de la moyenne nationale qui plafonne à 15%. Beaucoup d'entre eux connaissent ces produits sous le nom des contrats « Madelin », contrats qui ne sont plus disponibles à la souscription mais toujours valides. Ils ont été concernés par la récente loi Pacte de 2019 qui a visé à unifier les produits d'épargne-retraite et à augmenter leur attractivité.

Optimiser et vérifier

Basses par leurs montants, les retraites agricoles sont élevées... par leur complexité ! En effet, dans le régime agricole se juxtaposent trois sources de pensions : deux régimes de base, avec une retraite forfaitaire et une retraite proportionnelle par points ; une retraite complémentaire, obligatoire depuis 2003 qui fonctionne, elle aussi par points. Facteur aggravant cette complexité : les agriculteurs sont souvent des « polypensionnés », ayant vécu des périodes de salariat avant l'installation.

Résultat : les risques d'erreurs dans les calculs sont grands ! Au niveau du régime général, la Cour des comptes a par exemple pointé que pour les retraites liquidées en 2020, le calcul d'une pension sur six comportait des erreurs ; et, que dans les trois quarts des cas, ces erreurs étaient défavorables aux retraités. En cas de carrière particulièrement complexe, et, même si ce service est payant, il peut donc être utile de se faire aider par un « expert retraite » au sein d'un cabinet spécialisé.

Par ailleurs, avant de décider de la date de son départ, il est également conseillé de se faire accompagner de spécialistes et de faire des simulations pour optimiser sa pension : bien choisir sa date de départ, vérifier si on est éligible au départ anticipé, déterminer s’il est pertinent de racheter des trimestres...

 

>> Partie 5 : Le Plan d'épargne-retraite (PER), une nouvelle formule plus attractive

 

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