Le guide de la transmission en agriculture

Partie 4/6

Les schémas variés d’une transmission hors cadre familial

Les installations hors cadre familial, de personnes issues du milieu agricole ou non, sont aujourd’hui bien plus courantes. Les repreneurs ont une plus grande diversité de profils. Sachez vous adapter.

Un des enjeux pour les repreneurs hors cadre familial est d’acquérir rapidement les connaissances tacites et l’expérience de terrain qui se transmet plus spontanément dans le cadre familial. Ainsi, pour vous, cédant(e), « il convient de préparer suffisamment tôt la transmission de votre entreprise à un(e) candidat(e), inconnu(e), qui va peut-être changer l’orientation de l’exploitation ou, en tout cas, la faire évoluer. Cinq à dix ans avant la transmission, il s’agit d’adapter votre structure pour la rendre transmissible », indique Sandrine Jean, conseillère de gestion Cerfrance Haute-Loire. « Il faudra accepter que l’exploitation continue sans vous, qu’elle soit gérée différemment et que ce soit une réussite ».

Réorienter les activités ?

Vous aurez à déterminer si votre l’exploitation est plutôt vouée à perdurer dans la même activité ou s’il faut apporter des changements. Dans ce premier cas de figure, « l’enjeu sera celui de la rentabilité du système et de sa durabilité. L’indicateur clé à suivre régulièrement les années précédant la cession est le retour sur investissement », explique Sandrine Jean. « Dans le cas où l’exploitation est susceptible d’être réorientée totalement par l’arrivée d’un repreneur, il est utile d’établir un diagnostic précis de l'exploitation : qu'est-ce qui la rend attractive ? Qu’est-ce qui peut freiner le repreneur ? Il convient aussi, dans ce second cas, d’envisager une transmission moins globale : le matériel ou les bâtiments ne seront peut-être pas cédés en totalité à un seul et même acquéreur ».

"Associer votre entourage à votre réflexion - famille, associés, propriétaires fonciers"

La conseillère recommande de prendre du recul sur les différents enjeux (économiques, réalisation personnelle, transmission patrimoniale…). « L’ensemble de cette réflexion vous mènera à définir assez précisément ce que vous recherchez, ainsi que le profil du repreneur idéal et ce que vous céderez ou non », conclut Sandrine Jean, tout en prévenant que des compromis devront très probablement être établis par la suite. « Il vous restera à associer votre entourage à votre réflexion - famille, associés, propriétaires fonciers - pour qu’ils ne se sentent pas dépossédés de la décision et soient partie prenante, ce qui constitue un des facteurs de réussite de la transmission ».

Chercher un repreneur

En anticipant votre projet de transmission, vous multipliez les opportunités de rencontres avec des candidats potentiels : stagiaires, salariés, participation aux évènements locaux dédiés à la transmission et à l’installation… Mobilisez votre entourage pour relayer votre projet (voisins, techniciens…). Vous attirerez ainsi l’attention des candidats du département, voire d’autres départements. Différents réseaux permettent la mise en relation entre cédants et candidats, comme les conseillers des Chambres d’agriculture qui animent le Répertoire Départ Installation (RDI). Rapprochez-vous également du Point Accueil Installation Transmission de votre département où les conseillers répondront à vos questions et vous orienteront vers d’autres experts selon vos besoins.

Anne Vermeersch, chargée de mission transmission et stratégie d’entreprise à la Chambre d’agriculture de l’Oise, indique qu’un des enjeux pour que cela fonctionne est de trouver une personne qui partage le même esprit que vous, qui a les mêmes valeurs. « Plusieurs rendez-vous avec les candidat(e)s potentiels permettront de valider cet aspect des choses, pour une transmission sereine ». « Prévoyez un passage de relais avec le repreneur. Cette période - plus ou moins longue selon les besoins - permet au cédant de se détacher progressivement de son exploitation et au repreneur de prendre sa place de décideur », poursuit-elle.

Anne Vermeersch : « Tous les réseaux, personnels ou professionnels, sont importants pour vous aider à trouver le bon candidat ou la bonne candidate ».

Les étapes incontournables de la transition

La conseillère explique également que toute transition passe par une phase de découverte, suivie d’une phase de remise en cause où le(la) candidat(e) commence à s’affirmer. Vient ensuite la phase de lâcher prise dans laquelle le cédant laisse de l’autonomie au repreneur, avant d’aboutir à la phase de confiance mutuelle, indispensable à la réalisation du projet. « Ne baissez pas les bras au premier désaccord. C’est une période compliquée pour vous mais aussi pour le repreneur. Il vous faut relativiser les points d’achoppement, les résoudre au fur et à mesure, et identifier ce qui relève du détail pour vous concentrer sur les priorités du projet, chacun doit être en mesure de trouver sa place ».

Pour passer ces étapes, il existe des dispositifs d’accompagnement (stage, salariat…) lors de la période de tuilage. « Une certaine ouverture d’esprit est toutefois importante », reprend Anne Vermeersch. « Lors des transmissions hors cadre familial, toutes les activités de l’exploitation ne sont pas forcément reprises et les changements réalisés par le repreneur peuvent sembler plus rapides. En revanche, les conditions de travail, l’organisation et les responsabilités de chacun sont davantage formalisées qu’en famille - ce qui facilite un dénouement si les désaccords sont trop importants ». Finalement, après tout ce chemin parcouru, vous pourrez vous investir pleinement dans votre nouvelle vie « d’après », tout en ayant « la satisfaction que votre entreprise perdure, même si c’est d’une autre manière et avec quelqu’un d’autre ».

Témoignage du passage de flambeau et d'une transmission d'exploitation réussie entre deux agriculteurs de Bourgogne France Comté.

 

>> Chapitre 5 : Des solutions innovantes facilitent la reprise de votre exploitation

 

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