Le numérique : l’allié des agriculteurs pour communiquer

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Réalisez vos projets grâce au financement participatif

Le financement participatif, ou crowdfunding, est un outil de collecte de fonds à partir d’une plateforme internet. Il met en relation des porteurs de projets, vous-même le cas échéant, avec des financeurs et des particuliers qui cherchent à soutenir des actions qui ont du sens pour eux.

Le financement participatif est généralement utilisé en complément d'autres financements comme les prêts d'honneur, les emprunts bancaires ou encore les micro-crédits. Atout non négligeable, c’est également un moyen de constituer une communauté de personnes qui vous soutiennent, qui sont intéressées par vos produits ou services et qui pourront vous faire connaître !

Est-ce adapté à tout type d’initiative ?

Oui ! Quel que soit votre domaine d’activité, vous trouverez une plateforme de financement en lien avec vos thématiques. Les plateformes regroupent des communautés de personnes qui ont, de fait, les mêmes centres d’intérêts. Il est ainsi important de bien définir les valeurs portées par votre projet pour choisir la plateforme qui lui correspond.

De même vos motivations peuvent être variées. Ce peut être par choix ou du fait que votre démarche est trop éloignée des critères acceptés par les banques. La plupart du temps toutefois, il s’agit d’une solution complémentaire aux autres sources de financement.

Votre but peut aussi être « marketing » en testant l’accueil de vos produits auprès d’une communauté de clients ou d’utilisateurs potentiels. C’est ainsi une première étape pour constituer une clientèle, voire un bon outil pour rassurer votre banquier sur la pertinence de votre plan de développement.

Il y a crowdfunding et… crowdfunding

Un des trois modes de financement est l’appel aux dons. Il peut être sans contrepartie ou avec une contrepartie symbolique (t-shirt à l'effigie de l'entreprise, goodies, un accueil privilégié pour découvrir votre exploitation…). Les dons peuvent aussi correspondre à des pré-commandes du produit ou du service qui fait l’objet de votre campagne de financement. Le montant moyen des dons pour ce type d’opération est de 60 à 70 euros, pour un montant moyen collecté compris entre 3 000 et 5 000 €. Rappelons qu’en France 66% du montant versé est déductible des impôts (dans la limite de 20% du revenu imposable).

Le second mode de financement prend la forme d’un prêt participatif, avec ou sans intérêts, éventuellement sans caution ni garantie de votre part. Il peut aussi être constitué de minibons (bons de caisse) : des titres anonymes émis par une entreprise en échange d'un crédit (principe d’une reconnaissance de dette). Ces types de prêts financent des dépenses non prises en compte par les banques (besoin de liquidité, investissements immatériels). Le prêt a une durée maximale de 7 ans. S’il est rémunéré, le taux moyen est de l'ordre de 4 à 6%, voire 8%. Le montant est plafonné à 2 000 € par projet, s'il est rémunéré, ou 5 000 € s'il ne l'est pas.

Le troisième mode de financement est la prise de participation au capital de votre société. Les investisseurs obtiennent des parts qui restent souvent minoritaires. Les levées de fonds sont plus importantes que les autres financements participatifs : le montant moyen varie entre 40 000 et 500 000 €. Ce type de crowdfunding est habituellement réservé à des entreprises qui existent depuis quelques années et qui ont comme objectif de se développer.

Le succès repose en grande partie sur la communication

Vos talents de communiquant seront sollicités lors d’une campagne de crowdfunding ! Si vous n’êtes pas familier des outils de communication, ce sera une bonne occasion d’apprendre à mieux les maîtriser, en particulier les réseaux sociaux.

Votre capacité à valoriser vos actions dépendra entre autres :

- du niveau d’avancement, votre programme doit être mâture et votre vision claire,

- de la capacité à fédérer, à faire sens,

- de la communauté qui vous suit (transparence indispensable sur le projet et les pratiques),

- de l’adéquation entre la plateforme choisie et vos besoins.

« Les contributeurs sont autant de clients potentiels »

Après un BTS en productions animales et différentes expériences de terrain, Gabriel Gendreau, 27 ans, s’est installé en élevage ovin le 15 septembre 2022 sur la ferme de Cussac, dans le village de Saint-Germain-et-Mons, en Dordogne. L’originalité de son projet ? Une installation hors cadre familial bénéficiant d’un financement participatif par le site Blue Bees et du soutien du réseau d’investisseurs Fermes En ViE.

Comment s’est passée l’obtention du financement ?

Gabriel Gendreau : La période pendant laquelle l’appel au don était ouvert n’a duré qu’un mois, l’été dernier, ce qui va très vite. Il n’a pas été nécessaire de la prolonger car j’ai obtenu le financement souhaité. C’est une période qu’il faut préparer en amont et qui demande une forte implication pour assurer sa réussite, en particulier pour bien présenter ses actions. Je ne suis pas un habitué des réseaux sociaux. Les équipes de Blue Bees m’ont apporté les conseils nécessaires lors des contacts que j’ai eu avec eux depuis avril. La publication sur le site Blue Bees donne de la visibilité mais cela ne suffit pas. Il faut communiquer en commençant par son entourage puis le plus largement possible. J’ai ainsi relayé le projet sur les pages Facebook et LinkedIn que j’ai créées. Outre les 8000 euros que j’ai obtenus par des dons avec ou sans contrepartie, qui ont allégé mes investissements, la démarche a contribué à lancer mes démarches en me faisant connaitre. Lorsque ma production de viande en vente directe sera opérationnelle dans quelques mois, les contributeurs avec contrepartie recevront un produit de la ferme : plusieurs tailles de cassette de viande au choix avec ou sans vin de Bergerac, variant selon le montant de la contribution. Une centaine de personnes a répondu à l’appel, autant de clients potentiels !

Quelles utilisations des fonds obtenus avez-vous prévu ?

Gabriel Gendreau : Le financement est directement lié au projet. L’agroécologie qui est à la base de mon système de production est aussi une des valeurs de Blue Bees. Grâce à ce financement, j’ai pu compléter mon troupeau pour atteindre, à terme, 350 brebis et je vais pouvoir planter 200 arbres en agroforesterie, dans un objectif d’autonomie fourragère et de stockage de carbone.

Comment avez-vous pu boucler l’ensemble du financement de votre installation ?

Gabriel Gendreau : L’achat de l’exploitation et des terres n’était pas envisageable et très peu de fermes sont à louer. J’ai pu trouver l’exploitation que me convenait grâce à Ferme en Vie, une foncière solidaire nommée “Les fèves” qui finance l’achat de fermes par l’épargne citoyenne. Les exploitations sont mises en location avec option d’achat à des agriculteurs qui s’engagent dans un projet agroécologique. Dans mon cas, une SCI a été créée, incluant les terres, les bâtiments d’exploitation et la maison d’habitation. Mon but est de racheter les parts d’ici dix ans selon un rythme adaptable, un système très avantageux qui a rendu mon installation possible sur les 66 ha de la ferme.

 

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