2023 : moins de vaches, de broutards, de taurillons, de veaux... et plus d’importations

Selon les prévisions de l’Institut de l’élevage, la production de bovins finis devrait reculer de 1,6% en 2023 et les exportations de broutards de 3%. Les importations de viande bovine sont annoncées en hausse de 2,3%, impactant de 1,5% la consommation de viande bovine française.

Après une baisse de 4,7% en 2022, la production nette de bovins finis devrait reculer de 1,6% en 2023 pour s’établir à 1,337 tonnes équivalent carcasse (téc), selon les prévisions de l’Institut de l’élevage (Idele).  « La réduction des cheptels laitier et allaitant depuis six ans et demi limite en effet les disponibilités de toutes les catégories de bovins », analyse l’Idele.

Moins d’allaitantes et de laitières

Après les -3,7% enregistrés en en 2022, la production de femelles est annoncée en baisse de 1,7% en 2023, sous l’effet conjugué d’une réduction « significative » des réformes laitières et d’une poursuite de la décapitalisation du cheptel de vaches allaitantes, les entrées de primipares n'ayant pas été suffisantes pour remplacer les vaches réformées. Après les -2,8% enregistrés en 2021, la décapitalisation des vaches allaitantes devrait en 2023 suivre la même tendance qu’en 2022, soit -3%. Qui plus, le poids moyen pourrait continuer de s’éroder, à hauteur de -0,7%, sous l’effet d’une réduction de la proportion de races lourdes (Blondes, Charolaises, Rouges des prés notamment), du prix de l’aliment et du caractère peu incitatif des conformations.

Production nette de bovins finis en milliers de tonnes équivalent carcasse (téc) et exportations de broutards en milliers de têtes (Source : Institut de l’élevage)
Production nette de bovins finis en milliers de tonnes équivalent carcasse (téc) et exportations de broutards en milliers de têtes (Source : Institut de l’élevage)

Du côté des laitières, l’Idele table sur un recul de 4,5% des tonnages abattus, après les -4,3% enregistrés en 2022. Le prix du lait devrait en effet engendrer une rétention des vaches en élevages, d’autant que les génisses de renouvellement prêtes à entrer en production en 2023 sont peu nombreuses. Les effectifs de vaches laitières continueront de se réduire en 2023 du fait de la restructuration toujours à l’œuvre, mais un peu moins rapidement (-2,0%) qu’en 2022 (-2,3%).

En ce qui concerne les autres bovins, les génisses de boucherie pourraient être un peu plus nombreuses (+0,3%) en lien avec le développement de la contractualisation, et leur poids moyen serait stable, comme ces dernières années. la production française de mâles non castrés baisserait de 0,9% en 2023, celle de bœufs de 1,4% et celle de veaux de boucherie de 2,5%. La très forte hausse des coûts alimentaires et énergétiques pèse sur les charges des élevages de veaux de boucherie. La production de veaux sous la mère est par ailleurs en difficulté et poursuivra sa baisse (-2,5%), estime l’Idele, d’autant que la réforme de la Pac qui s’applique depuis le 1er janvier lui est défavorable. Après un recul en 2022 (-0,9%) lié à un marché plus fluide, mais aussi à la hausse de la part des fibres dans l’alimentation, les poids carcasse des veaux devraient être stables en 2023 si le marché reste fluide.

Toujours moins de broutards à l’export

Après la forte baisse de 7,3% enregistrée en 2022, les exportations de broutards baisseraient de -3% en 2023, soit -30.000 têtes, du fait de la contraction des disponibilités.

Au 1er décembre 2022, les effectifs de mâles de mère allaitante âgés de 0 à 6 mois étaient en baisse de -1% par rapport à 2021. La baisse du cheptel allaitant (-3,0%) conduira à un recul des naissances prononcé sur la principale période de vêlage de décembre à avril, conduisant à un repli du disponible en broutards, estime l’Idele. La demande pour l’engraissement en France sera par ailleurs relativement dynamique, de nombreuses initiatives étant à l’œuvre pour contrecarrer la baisse de production. Le disponible exportable devrait donc être réduit.

Bilan d’approvisionnement en viande bovine (veaux inclus) en milliers de tonnes équivalent carcasse (téc) (Source : Institut de l’élevage)
Bilan d’approvisionnement en viande bovine (veaux inclus) en milliers de tonnes équivalent carcasse (téc) (Source : Institut de l’élevage)

Consommation stable, importations en hausse, exportations en baisse

Selon l’idele, la consommation de viande bovine devrait s’éroder de 0,5% en 2023. Une relative stabilité qui va faire le jeu des importations (+2,3%, à 390.000 téc), du fait du fait de la baisse des abattages en France, notamment de laitières. Résultat : la consommation de viande française (VBF) se réduirait de 1,5%. « Le différentiel de prix entre les vaches françaises et les vaches européennes reste en outre conséquent début 2023, ce qui est favorable aux imports », note l’Idele.

Les exportations de viande baisseraient cette année de 1,8%, en ligne avec la baisse de production de jeunes bovins. Le marché allemand pourrait être un peu moins dynamique en raison de la très forte inflation. Sur les marchés d’Europe du Sud, la viande espagnole restera très présente et continuera de concurrencer la viande française.