L’eau en Vendée - une gestion exemplaire

L'été 2018 a été particulièrement chaud et sec dans tout l'hexagone, avec des épisodes de canicules répétées, et la Vendée n'a pas été épargnée.
« Malgré cela, l'eau n'a pas manqué en Vendée. » explique Eric Porcher, président de la section eau à la FDSEA. « Tous les usages ont été majoritairement satisfaits : eau potable, irrigation, mais aussi milieux aquatiques. Cela a été possible grâce à un engagement de tous les acteurs en charge du dossier Eau et grâce au programme départemental de construction de réserves de substitution, engagé depuis une dizaine d'années. »
C'est pour souligner les efforts des vendéens à stocker l'eau et mettre en œuvre une gestion collective irréprochable que la chambre d'agriculture, la FDSEA et les JA ont organisé mardi dernier une conférence de presse à la réserve biologique de Nalliers. 
Une eau potable sécurisée et disponible tout l'été
Pour l'eau potable, la Vendée a investi depuis des dizaines d'années dans des ouvrages permettant de stocker près de 90% de ses besoins annuels (46 millions de m3). Douze barrages interconnectés et mutualisés sont exclusivement réservés à cet usage (hors soutien d'étiage).
Ainsi, malgré une saison touristique rayonnante, Eric Rambaud, président de Vendée Eau a fait un constat rassurant : « La situation en ce qui concerne l'eau potable est très confortable, en quantité et en qualité. Les barrages vendéens sont encore pleins à près de 60% et aucune limitation des usages domestiques n'est envisagée. »
Tel n'a pas toujours été le cas et la profession agricole a tenu à rappeler qu'en 2016, lorsque la situation le demandait, les ouvrages de stockage d'eau à destination de l'irrigation ont été mis à disposition pour satisfaire les enjeux prioritaires de l'eau potable.
Une irrigation préservée grâce une gestion avant-gardiste
Côté irrigation, la campagne est aussi très rassurante pour les secteurs où le stockage hivernal et la substitution sont possibles.
Dans le bocage, territoire de polycultures élevage, les exploitations disposant d'étangs d'irrigation ont pu sécuriser leurs productions de fourrages de qualité (luzerne, sorgho, maïs), tout en n'ayant aucun impact sur les cours d'eau pendant la période d'étiage. Sur les 1 000 exploitations irrigantes du bocage, 85% du volume est stocké l'hiver dans des étangs déconnectés du milieu.
En bordure du Marais Poitevin : dans la plaine du Sud Vendée, territoire aux productions très diversifiées (élevages, cultures spécialisées, céréales, maraîchage de plein champ), le programme de substitution collective entamé il y a plus de 10 ans par les collectivités territoriales et la chambre d'agriculture (27 réserves soit 10,4 millions de m3 stockés par an) porte ses fruits sur les milieux aquatiques tout en assurant le potentiel économique de 350 entreprises agricoles.
Ce constat positif est le résultat d'investissements conséquents (étangs, réserves collectives bâchées, sondes capacitives connectées) qui représentent une charge significative pour les agriculteurs : de 1,2 à 2€/mm d'eau selon les secteurs, hors matériel d'irrigation.
« Le rôle des syndicats mixtes, propriétaires des réserves, est indispensable à la réussite de ces projets créateurs d'emplois. » a souligné Arnaud Charpentier, Vice-Président du Syndicat Mixte Vendée Sèvre Autises. « La participation des collectivités locales et de l'état est également indispensable. » complète Cécile Barreau, du conseil départemental de Vendée.
Des milieux aquatiques préservés là où le stockage hivernal et la substitution sont en place
En ce qui concerne les milieux aquatiques le bilan est également positif.
Les secteurs historiquement les plus sensibles (côtiers vendéens) ont été en difficulté 10 à 20 jours plus tard qu'en année normale. Les secteurs substitués (bordure de Marais Poitevin) affichent des niveaux très satisfaisants fin août : côtes piézométriques plus hautes de 1,5 à 3 mètres par rapport à la moyenne des années avant substitution. En complément, les sources de bordures coulent plus longtemps dans le Marais Poitevin (+ 20 jours en 2018 sur certains secteurs) et les canaux ont des indicateurs positifs à plus de 95%.
L'état doit lever les freins administratifs et idéologiques
Tout au long de la matinée, les responsables professionnels agricoles ont donc déroulé chiffres et arguments pour démontrer par des faits les multiples intérêts du stockage de l'eau hivernal.
A cette occasion, Jordy Bouancheau, co-président des JA de Vendée, a rappelé que : « L'irrigation est vitale pour l'installation des jeunes en agriculture car elle apporte de la lisibilité et de la sécurité, tant en conventionnel qu'en agriculture biologique. »
Brice Guyau, président de la FDSEA de Vendée ajoute : « L'idée préconçue qu'irrigation rime avec culture de maïs intensive est une aberration. En cinq ans, sur le secteur « Vendée Nappe » les surfaces de maïs grain irriguées ont diminué de 10% au profit de cultures spécialisées à plus fortes valeurs ajoutées (haricots, lentilles, semences...). »
« Cessons d'associer irrigation et assèchement des milieux ! » a martelé Jean-Marc Renaudeau, président de la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres. « L'exemple de la Vendée nous prouve le contraire puisque plus de deux tiers de l'eau d'irrigation est issue de stockages hivernaux, époque à laquelle l'eau est largement excédentaire. Et le volume total consommé par l'irrigation dans le département représente seulement 13% des pluies. »
 « Avec une fréquence accrue des épisodes climatiques extrêmes, la nécessité de stocker la ressource eau, lorsqu'elle est excédentaire, paraît évidente pour satisfaire tous les usages. » conclut Joël Limouzin, président de la chambre d'agriculture de Vendée. « A quelques semaines des Assises de l'eau, nous devons faire comprendre à l'état qu'il est urgent de lever les freins administratifs et idéologiques qui bloquent de nombreux projets tels que celui des Deux-Sèvres. Il est indispensable de persévérer dans les démarches entreprises pour répondre aux enjeux alimentaires, environnementaux et climatiques de demain. »