La bio représente désormais 8,5% des surfaces en France

Tirée par la consommation, la production française d'agriculture biologique poursuit sa progression dans tous les secteurs. Les surfaces bio représentent désormais 8,5% de la SAU et les produits bio représentent en moyenne 6% des achats alimentaires des ménages français.

Les ventes de produits bio ont connu en 2019 une nouvelle forte progression en France, atteignant près de 12 milliards d'euros (+1,4 milliard par rapport à 2018) et hissant l'Hexagone au même niveau que l'Allemagne, jusqu'alors seul leader européen.

"La consommation tire la production", s'est réjoui Philippe Henry, président de l'Agence Bio, lors de la présentation à la presse le 9 juillet des chiffres de la bio pour l'année 2019. Parmi les produits qui ont tiré le marché, "un tiers des oeufs coquille vendus en France est un oeuf bio", a indiqué Philippe Henry.

D'une manière générale, les produits qui connaissent les plus fortes progressions, supérieures à 15%, "sont principalement des produits transformés", a précisé l'Agence Bio dans son rapport annuel. Il en va ainsi des produits surgelés (+31%), notamment glaces, sorbets, pizzas et légumes, des bières (+24%), des produits laitiers (+18%, hors lait liquide), de l'épicerie (+16%) et des jus et boissons sans alcool (+16%).

Du côté des importations, les chiffres sont stables par rapport à l'an dernier (33%). Ce qui signifie que "la production suit", se réjouit Philippe Henry.

Afin de répondre à cette demande galopante, les surfaces agricoles cultivées en bio ont poursuivi leur progression, atteignant 2,3 millions d'hectares (+300 000 hectares). Au premier rang des productions agricoles françaises dont la part de bio se développe, "on a quatre secteurs qui sont intéressants en conversion", a souligné Philippe Henry. "On a les grandes cultures qui continuent de progresser comme l'année dernière, - encore +100 000 hectares qui arrivent en bio -, on a l'arboriculture, 25% du verger est en bio ou en conversion, la viticulture, c'est pareil, on est à 14% de vignes qui sont en bio, et je peux citer également les légumes", a-t-il déclaré.

Philippe Henry a rappelé par ailleurs le lancement il y a quelques mois d'une banane bio, baptisée "pointe d'or" : "ça veut dire que du côté des outremers aussi, il y a une conscience du bio qui commence à prendre."

En tout, fin 2019, les surfaces cultivées en bio représentaient 8,5% de la surface agricole utile (SAU), soit un doublement des surfaces bio en cinq ans. Le président de l'Agence Bio a néanmoins reconnu qu'il serait "difficile" d'atteindre les 15% de SAU en bio d'ici 2022, objectif du gouvernement pour la fin du quinquennat Macron. "Il faudrait quasiment doubler les conversions dans les deux prochaines années", a noté Philippe Henry.

Parmi les facteurs susceptibles de susciter de nouvelles conversions, la demande pourrait connaître une accélération en 2020 : elle a déjà connu un "petit coup d'accélérateur" durant le confinement, avec "8% de consommateurs en plus en l'espace de deux mois", a indiqué Philippe Henry. Autre bonne nouvelle, selon lui, le rattrapage des retards de versement des aides PAC pour la bio, dont le ministère de l'Agriculture a annoncé début juillet que le calendrier de paiement était "totalement rétabli".

Seule ombre au tableau, la pression sur les prix exercée par certains acteurs de la grande distribution. Le modèle des magasins spécialisés progresse mais "la grande distribution prend des parts plus importantes, parce qu'ils ont effectivement compris que la bio était un axe de croissance", a résumé Christian Weinsberg, administrateur de la coopérative Biocoop, lors de la conférence de presse le 9 juillet.

La grande distribution, qui représentait auparavant moins de la moitié des ventes, détenait 55% du marché en 2019. Une tendance qui pourrait être confortée par les géants de l'agroalimentaire : "des groupes comme Danone, Nestlé, travaillent beaucoup sur ces questions aujourd'hui et vont lancer des gammes bio sur tous leurs produits", a ajouté M. Weinsberg.

"La grande distribution a tout à fait sa place, mais il faut un équilibre entre elle, les magasins spécialisés et tout ce qui est vente directe", a plaidé Philippe Henry, qui souhaite également voir se développer la contractualisation, avec des "engagements à long terme sur les prix et les volumes".