[Article le + lu en 2021] répulsifs pour les sangliers et si des perspectives intéressantes existaient ?

Les sangliers occasionnent chaque année d’importants dégâts dans les prairies et en grandes cultures. Le maïs est particulièrement concerné, avec des attaques intervenant souvent juste après le semis et/ou au stade grains laiteux. ARVALIS et ses partenaires* ont évalué en 2020 l’efficacité de différentes solutions répulsives pour protéger les maïs à ces deux périodes. Ces premiers travaux apportent des perspectives encourageantes. Ils méritent d’être poursuivis.

Face à l’augmentation régulière des attaques de sangliers, les agriculteurs ont recours à différentes solutions, comme l’a montré notre enquête conduite à l’automne 2019. Cependant, aucune ne s’est révélée satisfaisante à ce jour. Dans ce contexte, beaucoup d’agriculteurs concernés par des dégâts de sangliers mettent en œuvre des barrières physiques ou des clôtures électriques pour protéger leurs parcelles. Mais ces solutions ont des limites, liées à la taille de la parcelle, à l’entretien ou au coût que cela représente.

Des méthodes répulsives variées

Dans un premier temps, ARVALIS a comparé quatre solutions susceptibles d’avoir un effet répulsif, mises en œuvre au moment des semis de maïs :
• un produit répulsif gustatif à base de piment, appliqué en traitement de semences (produit de la gamme PNF, non homologué pour la protection phytopharmaceutique des cultures),
• un produit répulsif olfactif, appliqué via des diffuseurs positionnés en bordure de champ (Hukinol, produit non homologué pour la protection phytopharmaceutique des cultures),
• un équipement répulsif sonore, grâce à l’émission régulière d’ultrasons (Doxmand VR8),
• un engrais organique aux propriétés répulsives olfactives, appliqué en plein avant semis (Terragral Evolution).

Les trois premiers ont été évalués dans le Sud-Ouest tandis que l’engrais organique a été expérimenté en Alsace. Dans les deux régions d’étude, les modalités sont soit mises en œuvre par l’agriculteur (modalités PNF et Terragral) soit par ARVALIS (Hukinol, Doxmand VR8). Selon les modalités, le nombre de parcelles observées varie de 5 à 20.

Les notations de dégâts ont été réalisées à plusieurs dates en début de cycle de développement de la culture, à la fois dans les parcelles d’essais, mais aussi dans des parcelles témoins, situées à proximité, et comparables sur le plan de la conduite culturale (notamment la date de semis) et de l’environnement (avec a priori le même risque d’être fréquentées par les sangliers). A noter que toutes les parcelles testées n’ont pas pu avoir de témoin associé.

Au semis, les répulsifs olfactifs seraient plus efficaces

L’analyse des résultats requiert beaucoup de précautions car il s’agit d’un dispositif expérimental assez fragile : l’hétérogénéité des attaques de sangliers à l’échelle d’un territoire et l’influence potentielle d’autres facteurs, notamment environnementaux, sont difficiles à contrôler. De plus, il s’agit de premiers résultats acquis dans le contexte climatique de l’année 2020.

Sur les 20 parcelles protégées à l’aide du répulsif gustatif (PNF), la moitié a été attaquée, dont huit d’entre elles se situent à proximité de parcelles témoins non attaquées (tableau 1). Sur les 10 parcelles avec PNF et non attaquées par les sangliers, seules deux parcelles se situent à proximité d’une parcelle témoin ayant subi des attaques. Sept autres se situent à proximité de parcelles témoin non attaquées. La dernière parcelle suivie ne comportant pas de situation témoin proche, cela fait huit situations ne permettant pas réellement de conclure sur l’intérêt de cette protection.

Le répulsif sonore à ultrasons (Doxmand VR8) a été installé sur six parcelles, dont quatre ont fait l’objet d’attaques de sangliers (tableau 1). Concernant les parcelles non attaquées, pour l’une il n’y avait pas de témoin, et pour l’autre, la parcelle témoin été dépourvue d’attaque (situations non conclusives).

Le répulsif olfactif (Hukinol) a été testé sur cinq parcelles, dont deux ont été attaquées (tableau 1). En revanche, les trois parcelles indemnes étaient proches de témoins ayant subi des dégâts de sangliers.

Enfin, parmi les 11 parcelles ayant reçu l’engrais aux propriétés répulsives olfactives (Terragral Evolution), deux ont été attaquées (sans parcelle témoin à proximité). Pour les neuf parcelles sans attaque, trois étaient situées à proximité d’une parcelle témoin attaquée.

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A Rouffach (68), ligne mangée par des sangliers (à gauche) et, à Munchhouse (68), grande surface attaquée (à droite).

En résumé, malgré un nombre de situations conclusives assez limité, la proportion de parcelles attaquées, en début de cycle de la culture de maïs, est plus faible pour les modalités avec le produit répulsif olfactif Hukinol ou l’engrais Terragral Evolution (et avec des intensités d’attaques en moyenne plus faibles). En revanche, cette première étude ne permet pas de mettre en évidence l’intérêt technique de produits de la gamme PNF appliqués en traitement de semence ou de l’équipement répulsif sonore à ultrasons en évaluation.

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