Aura : une mélangeuse automotrice autonome

C’est un drôle de robot que l’on voit se déplacer dans la cour du Gaec des Landes Chevreuils à Moisdon-la-Rivière. Son nom : Aura. Il s’agit d’un système d’alimentation automatisé développé par Kuhn « sur le principe d’une automotrice standard mais avec un volume plus petit, un bol de 3 m3, et sans cabine », précise Etienne Friedrich, support produit Aura lors de la porte ouverte organisée sur l’exploitation par l’entreprise MTE vendredi 13 juin. Après une phase de pré-série (2021-2024), la série a été lancée ce début d’année 2025. 

Robot autonome

Avec un moteur thermique de 55 chevaux (réservoir de 240 l et consommation moyenne de 4 l de GNR/h), le robot se déplace en autonomie au niveau des points d’intervention : stockage du concentré, de la fibre et de l’ensilage ; lieux de distribution. Les déplacements extérieurs sont gérés par un système de GPS RTK tandis que ceux en intérieur sont possibles via un système Lidar. « Un géomètre passe pour cartographier en 3D le site puis ces données sont intégrées dans la carte du robot. » Aura est équipé de quatre roues motrices et peut avancer sur une pente de 20 % maximum. Il charge la fibre ou l’ensilage grâce à une fraise de 60 cm de large et un convoyeur. Les deux vis verticales du bol assurent « une bonne qualité du mélange pour les rations plutôt fibreuses ». Pour la distribution de l’alimentation, le tapis est situé à l’arrière de la machine ce qui lui permet de servir dans des bâtiments dits « non débouchant ». Un système de repousse fourrage a été embarqué sur la machine : on peut la programmer, la nuit par exemple, simplement pour qu’elle effectue cette tâche. 

Aménagement 

Pour accueillir cette machine, les deux associés du Gaec des Landes Chevreuils, Mickaël Huneau et Cédric Le Fur, ont dû faire quelques aménagements : création de cases pour les différentes fibres, ajout d’un système de vis pour le chargement des minéraux et concentrés, pose d’antennes Wifi et de panneaux de sécurité « Attention, zone dangereuse ». Dans les stabulations disposant d’un couloir face à face, la largeur doit être de 4 m à 4,5 m tandis que pour un couloir simple, une largeur de 3,5 m est suffisante. « On s’est basé sur la capacité d’une automotrice standard pour ce soit modulable et adaptable à la majorité des exploitations. On essaie de ne pas brider les élevages dans leur évolution », affirme Etienne Friedrich qui insiste sur le fait que les abords de l’exploitation doivent être propres et stabilisés. 

Des rations précises

Dans cette exploitation laitière produisant 1,5 million de litres de lait par an avec 125 vaches en bâtiment, le robot Aura fabrique sept rations et effectue seize distributions par jour : quatre rations pour les génisses, une ration pour les réformes, une autre pour les vaches taries et une dernière pour les prépa-vêlage. « Avant, on avait une ration plus simplifiée. On voit l’impact sur les génisses car on fait de plus petites rations par lot. En revanche, nous n’avons pas encore assez de recul pour savoir si cela influe sur le niveau de production mais on voit bien que ça l’a conforté. Le robot optimise les quantités, on a moins de gaspillage », remarque Cédric Le Fur. En effet, à l’arrivée du robot, en février 2025, les deux associés ont également augmenté le cheptel passant de 105 à 125 vaches laitières avec deux robots de traite.