Betteraves : des raisons d’espérer pour 2021

La filière betteravière voit enfin « le bout du tunnel » mais est encore suspendue à la décision du Conseil constitutionnel sur le recours aux néonicotinoïdes pour les prochains semis. Elle attend aussi la concrétisation des indemnisations promises par Julien Denormandie pour les exploitations les plus touchées.

« L’année 2020 aura été catastrophique à tous les niveaux, mais nous voyons le bout du tunnel », a estimé Franck Sander, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) lors d’une conférence de presse mardi 1er décembre. La production de betteraves française s’établit à 27 millions de tonnes, du jamais vu depuis 1986. Les surfaces sont en recul à 419 000 hectares, contre 480 000 au plus haut en 2017. La moyenne des rendements s’établit à 65 q/ha, soit une baisse de 20 t/ha sur un an, avec de très fortes disparités du nord au sud de la Seine en fonction des dégâts de la jaunisse. Enfin, un autre chiffre illustre cette année catastrophique : « la durée de campagne betteravière a été inférieure à 100 jours, contre 130 pour les plus longues », a précisé Pierre Rayé, directeur général de la CGB.

La CGB estime les pertes financières dues à la baisse des rendements à 280 millions d’euros. « A l’échelle des exploitations, c’est une perte de 700 €/ha en moyenne, pouvant aller jusqu’à 1500 €/ha », a précisé Pierre Rayé. En 2019, année déjà déficitaire, les pertes étaient estimées en moyenne à 344 €/ha. Pour la filière betterave-sucre-éthanol, les pertes sont estimées entre 600 et 700 millions d’euros.

Face à ce bilan, auquel s’ajoutent les rendements de blé parfois catastrophiques, la CGB attend la concrétisation des indemnisations promises par Julien Denormandie pour les exploitations les plus touchées, afin de « répondre à l’urgence des trésoreries au moment où les producteurs doivent acheter leurs semences pour l’année prochaine ».

Pour ce faire, le syndicat demande au ministre d’exempter ces mesures du cadre des minimis agricoles, qui plafonnent les montants d’indemnisation à 20 000 euros sur trois années glissantes. En Ile-de-France, 42% des planteurs seraient concernés.

Malgré ce contexte morose, les betteraviers ont tout de même des raisons d’espérer. A court terme, la dérogation aux néonicotinoïdes sur betteraves, adoptée par l’Assemblée et le Sénat fin octobre, n’attend plus que la validation du Conseil constitutionnel. Si le texte est validé, le projet de loi devrait être promulgué vers la mi-décembre et les textes d’application dans la foulée.

A moyen terme, les prix des betteraves sont attendus en hausse grâce au rebond des cours du sucre observé ces derniers mois. « Pour 2021-2022, au regard des tendances haussières sur le marché du sucre, on peut attendre une hausse du prix des betteraves au-delà des 25€/t », a espéré Pierre Rayé, qui plaide pour « une contractualisation plus agile » afin de mieux corréler les prix payés aux producteurs de betteraves aux prix du sucre.

A long terme enfin, un plan national de recherche et d’innovation œuvre à une meilleure connaissance des problèmes sanitaires, à l’identification d’alternatives aux néonicotinoïdes et à l’identification de solutions durables. A ces fins, le ministère de l’Agriculture a débloqué 7 millions d’euros destinés à abonder un programme recherche de solutions alternatives, d’un montant total de 20 millions d’euros.