Blé tendre : diversifier les variétés et les dates de semis

L’automne 2020 a été marqué par des conditions défavorables aux semis de blé tendre. Pour la campagne qui démarre, rappelons quelques bases agronomiques sur le choix variétal et les dates de semis.

Contrôler les effets du climat : le bon compromis date de semis / variété

La meilleure assurance pour limiter l’impact d’un accident climatique est de diversifier les variétés de l’assolement. Une période de semis optimale est définie en fonction de la précocité de chaque variété. Pour une variété donnée, on regarde deux types de précocité :
• la précocité à montaison : caractérisée par la date du stade épi 1 cm, elle détermine le début de la période de semis,
• la précocité à épiaison : caractérisée par la date d’épiaison, elle détermine la fin de la période de semis.

Un semis trop précoce expose la culture à un risque de gel d’épis à montaison, tandis qu’un semis tardif l’expose à un risque d’échaudage. Chaque variété doit être semée à la période qui lui convient.

A partir des données climatiques régionales, il est possible de définir des périodes de semis optimales pour chaque variété. L’époque idéale dans la région pour semer une variété de blé tendre de type demi-précoce se situe entre le 15 et le 25 octobre. Les types hiver à très hiver ou tardif à très tardif peuvent être semés entre le 1er et le 15 octobre. A partir du 25 octobre, tous les types de blé d’hiver peuvent être semés. Les semis peuvent se prolonger si nécessaire jusqu’en novembre ou décembre sans difficulté. Toutefois, on évitera les variétés tardives à épiaison dans ces conditions afin d’éviter au maximum un échaudage de fin de cycle.

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Pas de semis précoce sur des parcelles sales

Les problèmes d’enherbement rencontrés dans notre région obligent désormais à prendre en compte ce facteur dans le choix des variétés à implanter. Semer une variété de blé tendre précocement dans une parcelle très infestée en graminées relève de l’erreur technique : aucun programme herbicide, aussi cher soit-il (prélevée puis postlevée), ne sera suffisant pour maîtriser une population de bromes, ray-grass ou vulpins. Nos essais régionaux confirment ce manque d’efficacité qui pénalise les rendements de la culture par la compétition précoce des adventices. Il est donc essentiel de privilégier des dates de semis plus tardives sur des parcelles très infestées et sur des sols qui le permettent : pas de semis avant le 20 octobre. Le risque économique (risque de non implantation) restera limité car toutes les parcelles de l’exploitation ne sont pas concernées. Attention, des dates de semis plus tardives nécessitent des variétés plus précoces.

Gestion de la jaunisse nanisante de l’orge : un risque accru en semis précoces

Même si un automne particulièrement doux expose l’ensemble des blés aux pucerons et aux cicadelles, les semis précoces le sont généralement davantage. L’absence de variétés tolérantes doit inciter à la prudence. Des semis de début octobre nécessiteront une surveillance et une protection accrues vis-à-vis de ces ravageurs.

Conclusion : il faut profiter du retour des pluies pour réaliser les faux-semis. Pour les implantations, il faut diversifier variétés et dates de semis en tenant compte de l’état d’enherbement des parcelles.

Edouard BARANGER, Delphine BOUTTET, Mathilde LEJARDS, Agnès TREGUIER de l’institut du végétal