- Accueil
- Bovin : Traçabilité obligatoire dans les assiettes
Bovin : Traçabilité obligatoire dans les assiettes
[Bovin : conjoncture sem 04-2022] A compter du 1er mars, la mention de l'origine des viandes servies en France hors domicile, de la cantine scolaire aux restaurants, devient obligatoire, et s’imposera désormais à la viande de volaille, d’ovin, de porc et non plus au seul bœuf (décret paru jeudi au Journal Officiel).
Cette obligation concerne toute la restauration hors domicile, c’est-à-dire les cantines scolaires, des entreprises ou hôpitaux, comme les restaurants commerciaux. Même si la viande de bœuf sera peu impactée par ces nouvelles règles, car déjà en application depuis 2002, les nombreuses autres viandes qui composent le menu des consommateurs vont être révélées au grand jour. La France importe 1 poulet sur 2 et les mouvements intra-européens sont très importants dans le porc ou les ovins, malgré l’accroissement des coûts de transport. Les utilisateurs de poulets brésiliens, nourris aux antibiotiques, devront rendre des comptes, même si cette loi ne concerne pour le moment que les viandes achetées crues par les restaurateurs et non les viandes achetées déjà préparées ou cuisinées.
Dans ce commerce mondial massifié, les éleveurs de bovins français font tout leur possible pour respecter leur environnement et le bien-être de leurs animaux. Ils en attendent en retour une juste rémunération. C’est ce qui est en marche à la faveur d’une forte réduction de la production. La France, qui a perdu 250000 vaches allaitantes depuis 4 ans, devrait encore en perdre près de 585 000 d’ici 2030. De nombreux observateurs avaient lancé des alertes à la filière aval qui jusque-là se servait souvent des viandes rouges comme produit d’appel. En quelques mois, les équilibres ont été complètement chamboulés, passant d’un marché poussé par l’offre à un marché tiré par une demande non satisfaite. La pandémie de covid aura été un accélérateur de tendance avec des équilibres offre/demande qui ont été bouleversés partout en Europe.
Sur le marché de la viande bovine, les achats de la fin janvier sont peu soutenus avec des budgets serrés après les dépenses de fin d’année et les soldes. Les disponibilités dans les autres pays de l’UE sont faibles, pour des tarifs qui ont subi la même envolée qu’en France. La diversité de notre cheptel allaitant est un atout pour les éleveurs quand on parle de viande de qualité, mais un poids quand il s’agit de valoriser certaines pièces dont le prix est fait essentiellement à partir des laitières. De nombreux consommateurs n’achètent de la viande que sur des actions promotionnelles. Sans vouloir mettre à mal le pouvoir d’achat des consommateurs, il ne suffirait de pas grand-chose : quelques dizaines de centimes/kg pour permettre à tout le monde de vivre correctement, pour un coût certainement contenu pour le panier de la ménagère. C’est tout l’enjeu des négociations commerciales qui se jouent en ce moment entre les industriels ou les PME face aux acheteurs de la grande distribution.