Bovins : Beaucoup moins de vaches allaitantes d’ici 10 ans

[bovins de boucherie : conjoncture sem 37-2021] L’enjeu de demain sera de faire coïncider l’offre à la demande, dans un contexte de forte décroissance de la production (-584 000 animaux d’ici 2030) source IDELE.

La fin septembre est toujours une période plus tendue en termes de consommation avec des budgets de septembre qui ont été impactés par la rentrée scolaire, les nombreuses promotions et foires aux vins de rentrée. La commercialisation des pièces nobles (Aloyaux) revient sur le devant de la scène avec un équilibre matière difficile à gérer pour les industriels. L’écoulement pose moins de problèmes dans les avants, car une majorité de la population consomme la viande sous forme hachée ou préparée essentiellement produite à base de laitière, d’avant de race à viande d’entrée de gamme ou de jeunes bovins.

Le mouvement de décroissance de la consommation de viande bovine est en partie compensé par la croissance de la population, mais cette consommation a fortement muté. La crise covid 19 a été un accélérateur et induit déjà d’importants changements dans les pratiques d’élevage. Les éleveurs intègrent ces nouvelles données en donnant plus de lisibilité à leur pratique d’élevage à l’herbe et au bien-être qu’ils apportent à leurs animaux. Les GMS affichent toujours une image de proximité avec les éleveurs, mais le sujet de la répartition des marges et de la valorisation des animaux dans les campagnes reste au cœur des débats après l’envolée des coûts de production.

L’enjeu de demain sera de faire coïncider l’offre à la demande, dans un contexte de forte décroissance de la production. Les jeunes générations urbaines ont une perception beaucoup plus fine du bien-être animal et beaucoup plus flexible dans leur alimentation. La tendreté et la qualité gustative (persillée de la viande) sont recherchées et correspondent à la volonté de montée en gamme de la profession. Mais les chiffres montrent également une recherche de prix de la part d’une population moins aisée qui peine souvent à boucler la fin du mois. Cette demande du moins-disant s’appuie sur une très grande hétérogénéité de la production française dans ces races et dans les pratiques d’élevage. Les prospectives de décrochage de la production allaitante (-584 000 animaux d’ici 2030) semblent optimistes au regard de l’accélération des cessations dans les campagnes. Le nombre de taureaux mis à la réforme n’a jamais été aussi important. Demain, serons-nous obligés d’importer pour couvrir nos besoins comme ce qui s’est passé pour la filière ovine il y a 40 ans ?  

De nombreuses entreprises qui découpent de la viande pour les circuits hors grand public (RHF…) et qui représentent une part significative de la consommation de viande font encore largement appel aux produits de l’UE. Quand sera-t-il quand les aloyaux du Canada ou du Brésil entreront dans ces circuits et viendront concurrencer notre production locale, même-si pour le moment les éleveurs et les politiques français font front contre ces accords.

La seule façon de sauver ce qui peut encore l’être doit passer par une revalorisation des produits agricoles lait et viande. Ce sera le grand chantier des négociations commerciales de fin d’année.   

La filière viande a perdu la bataille de la communication face aux lobbys du végétal et des anti-viandes qui ont des moyens financiers très importants pour infiltrer et influencer toutes les sphères médiatiques et décisionnelles ? Le rouleau compresseur poursuit son chemin. Pas une semaine sans que L 214 parle négativement de l’élevage ou que les écologistes justifient un passage à deux repas sans viande dans les cantines, au prétexte d’un gain environnemental significatif. L’impact sur les jeunes générations de consommateur est catastrophique.

Le ministre de l’Agriculture annonce que le plan de relance sera fléché vers une agriculture « agro-écologique » avec une volonté d’indépendance en matière d’alimentation animale. Espérons que ce fléchage ne viendra pas directement dans l’assiette des consommateurs à la place de la viande produite par les éleveurs. Les Français restent attachés à l’agriculture et aux éleveurs, mais les pratiques de consommation et la vision des jeunes générations changent.