L'élevage français sera-t-il sacrifié sur l’autel de l’ouverture des marchés ?

[Conjoncture ] Dans un scénario de déficit constant et accentué de la production de viande bovine en Europe, les instances européennes sont-elles en train de sacrifier l’élevage sur l’autel des négociations internationales ?

Conjoncture – Les 17 et 18 novembre prochains, le sort de l’Agriculture Française sera-t-il scellé lors du G20 qui se déroulera à Rio de Janeiro (Brésil). Dans un scénario de déficit constant et accentué de la production de viande bovine en Europe, les instances européennes sont-elles en train de sacrifier l’élevage sur l’autel des négociations internationales ? Après le CETA, les accords modernisés UE – Mexique et des négociations UE-Australie ou de Nouvelle-Zélande, c’est le Mercosur qui revient sur le devant de la scène.

La vision idéologique du Green Deal vise à faire porter sur l’agriculture tous les maux du réchauffement climatique. L’Europe est-elle en train de sacrifier l’élevage et la production sur l’autel des échanges internationaux.

La colère des éleveurs français et la position du gouvernement français feront-elles le poids face à la volonté du monde industriel de s’ouvrir au marché sud américain.

Le tissu de l’élevage se délite sur fond de difficultés financières énormes après une année catastrophique pour les cultures et dramatique au niveau sanitaire pour les éleveurs touchés par les FCO ou la MHE. Nos abattoirs souffrent et la réorganisation de la filière avance à marche forcée. Les fermetures vont être nombreuses, ce qui pose des questions sur le maillage du territoire et les éleveurs qui cherchent de la proximité pour de la vente directe.

Alors que la production vit des heures difficiles, le consommateur adapte ces habitudes alimentaires, à la saison en délaissant les pièces à griller pour les viandes à mijoter (pot-au-feu, bourguignon…). Les équilibres matières sont compliqués avec des pièces nobles qui partent vers le hachoir, et des stocks qui se reconstituent dans les aloyaux. De nombreuses ppromotions sont faites pour écouler ces viandes à des tarifs très intéressants dans les magasins. La vente de viande hachée est constante, avec des variations toujours très sensibles sur le début et la fin du mois (pouvoir d’achat des ménages) ou des vacances scolaires (fermeture des cantines). La consommation de viande hachée fraîche n’a reculé que de 0,5 % en valeur depuis le début d’année. (-1,1 % sur la viande hachée congelée).

Petit focus, sur le marché américain où la succession de sécheresse a fait fondre le cheptel de 10 % en cinq ans. Dans le même temps, la demande de viande rouge, elle, a augmenté. En 2022, les Américains ont mangé, en moyenne, 26,8 kg de bœuf (500 g par semaine), en hausse de 10 % depuis 2015, selon l’USDA. Pris en étau entre une offre réduite et une demande vigoureuse, le prix de gros du bétail a plus que doublé depuis mars 2020 (+ 133 %), avec un impact important sur les prix de vente au détail, sans que cela change pour le moment les habitudes des consommateurs.

C’est un peu ce que l’on retrouve pour nos races à viande françaises, qui pour le moment sont protégées par l’érosion de l’offre qui permet un équilibre de marché, même si une tension est perceptible face à un recul saisonnier des ventes des pièces nobles.