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Conjoncture - La hausse des prix est-elle un frein à l’installation des jeunes générations d’éleveurs ?
La volonté de sauver l’élevage, avec le nouvellement des générations est présente, même si elle est un peu tardive pour enrayer une synergie défavorable ou le contexte d’envolée des prix freine les financeurs.
Conjoncture – Pour installer plus de jeunes éleveurs, il est indispensable de leur donner de la perspective, des conditions de travail adaptées aux contraintes familiales, mais surtout des revenus suffisamment rémunérateurs pour vivre décemment de son métier. Ces données, l’ensemble de la profession et des politiques les connaissent, mais les solutions restent globalement étroites, dans un environnement toujours contraint par un mille-feuille administratif, même si le gouvernement dit vouloir se pencher sérieusement sur ce sujet. Le salon de l’Agriculture a été la preuve que la jeunesse agricole est bien présente et très motivée, si on leur donne les moyens et l’accompagnement nécessaire.
La pérennité des exploitations est un enjeu majeur pour les filières et cet objectif figure dans les priorités des Plans de filières définis par les interprofessions bovines (lait et viande), ovine et caprine. Rendre les métiers de l’élevage de ruminants plus attractifs est clairement un axe fort pour chacune d’entre elles qui se sont engagées à mettre en place des actions pour améliorer le revenu des producteurs, leurs conditions de travail, et valoriser l’image du métier.
Or, si le nombre d’installations est relativement stable, il fait face à une pyramide des âges très défavorable. Lors du dernier recensement de 2020, il y avait 54 % des éleveurs de 50 ans et plus (20 % de 55 ans, et 18 % de 60 ans et plus). Il suffit d’ajouter 5 années pour avoir une idée de la situation en 2025. Le profil des nouveaux éleveurs est instructif, car ce sont les micros et les petites exploitations qui se développent le plus avec une génération d’éleveur venu souvent hors du milieu agricole, avec un fort développement du retour à la terre pendant l’épisode covid. Quid en revanche des exploitations d’élevage plus conséquentes sans parler des grosses exploitations qui demandent des niveaux d’investissement considérable ? En cinq ans, le prix des vaches Charolaises a progressé de 2€/kg de carcasse, soit une variation de 54 %. Cela donne un peu l’échelle des enveloppes nécessaire pour une reprise du cheptel sans parler du foncier qui suit le même chemin. L’accompagnement de l’éleveur cédant est important, avec une valorisation souvent en dessous du prix de marché.
Les accompagnements à l’installation se sont fortement structurés, avec des aides, des financements spécifiques, une fiscalité avantageuse, et un suivi personnalisé que ce soit par les chambres d’agriculture, des éleveurs référents ou des structures de conseils spécifiques.
De leur côté, les éleveurs qui partent à la retraite pourront profiter de ce capital sérieusement revalorisé, pour compenser le niveau des pensions qui reste souvent assez faible.
L’élevage est un secteur clé de l’économie et de la valorisation des territoires. Les exploitations avec élevage de ruminants réalisent une activité répartie sur tout le territoire, génèrent de nombreux emplois en amont et en aval des exploitations notamment dans des bassins très dépendants de l’agroalimentaire. Tout cela souligne le rôle clé de l’activité d’élevage comme pilier économique dans les territoires, et supports de vitalité de zones difficiles, qui disposent par ailleurs de très faibles alternatives.
La volonté de sauver l’élevage, avec le nouvellement des générations, voir d’une recapitalisation dans les élevages est présente, même si elle est un peu tardive pour enrayer une synergie défavorable ou le contexte sanitaire prend de plus en plus de place.