PPL « anti-entraves », Mercosur, Ukraine : les batailles souverainistes d’Annie Genevard

La ministre de l’Agriculture indique que le gouvernement soutiendra la Proposition de loi « anti-entraves » et appelle à durcir les freins d’urgence face à l’Ukraine, en les élargissant au blé. Et ne désespère pas de rallier une minorité de blocage sur le front du Mercosur.

La ministre de l’Agriculture, et de la souveraineté alimentaire, a triplement justifié lundi l’intitulé de son ministère. « Il faut donner aux agriculteurs le signal qu’ils peuvent produire », a-t-elle déclaré sur l’antenne de Franceinfo, évoquant successivement La Proposition de loi (PPL) visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur et les contingents tarifaires UE-Ukraine.

PPL « anti-entraves » : le gouvernement au soutien

« Le gouvernement soutient le projet de loi », a affirmé Annie Genevard en référence à la PPL « anti-entraves », un brin malmenée lors de son passage en Commission à l’Assemblée nationale. A telle enseigne que la FNSEA et les JA l’ont rebaptisée PPL « contraintes », appelant à la mobilisation le 26 mai, jour début de l’examen du texte en séance plénière. « Les agriculteurs attendent beaucoup de ce texte, a dit la ministre. Qu’il s’agisse des bâtiments d’élevage, de l’accès à l’eau, de la protection de leurs cultures, quand ils [les agriculteurs] voient leurs cultures ravagées par des insectes, qu’il y a un produit partout disponible en Europe sauf chez eux, comment voulez-vous qu’ils n’en ressentent pas une profonde colère ».

A propos de l’acétamipride, qui cristallise les débats entre « pro » et « anti », et dont Annie Genevard a indiqué qu’il était « présent dans tous les insecticides domestiques », la ministre a évoqué des « études » ayant démontré que des abeilles y étant exposées de « façon chronique » n’étaient pas sujettes à « des désordres sur la mortalité et le comportement ». « Est-ce que l’on peut considérer que les 26 autres pays européens sont indifférents aux abeilles », a-t-elle enfoncé, la France étant le seul pays membre de l’UE à avoir banni le néonicotinoïde pour des usages agricoles.

Mercosur : le bâton de pèlerin européen

A propos de l’accord UE-Mercosur, la ministre de l’Agriculture ne désespère de rallier une minorité de blocage au niveau européen, après que le Commission européenne ait signé l’accord en décembre dernier, au grand dam de l’Elysée, de Matignon du Parlement et de tous les syndicats agricoles. Ne se disant pas opposée « par construction » aux accords de libre-échange, Annie Genevard a estimé que l’accord UE-Mercosur n’était pas « un bon accord » et que la question de la souveraineté alimentaire et de la sécurité alimentaire du continent européen était « en jeu ». « A à force de multiplier les accords de libre-échange qui tapent toujours sur les mêmes filières agricoles, il y a un moment où il faut dire stop ». Si la Commission décide de sortir le volet commercial de l’accord, un scénario « probable » selon la ministre, la France devra rallier à sa cause au moins trois autres pays membres totalisant avec elle au moins 35% de la population de l’UE pour prétendre bloquer la ratification. « J’étais en Pologne il y a quelques semaines, les Polonais sont contre. J’étais vendredi à Budapest et à Vienne, les autrichiens et les Hongrois sont hostiles », a dit Annie Genevard.

Ukraine : appliquer les freins d’urgence au blé

Sur le dossier Ukrainien, et l’exemption de droits de douane s’appliquant depuis 2022 sur certains produits (volaille, œufs, maïs, miel…) en soutien à l’invasion russe, la ministre de l’Agriculture s’est prononcée en faveur de l’extension des freins d’urgence au blé. « On ne peut pas laisser librement les denrées ukrainiennes parce qu’elles sont trop déstabilisantes », a indiqué la ministre. « Il y a un équilibre à trouver dans le soutien. Un soutien raisonnable, c’est un soutien qui est à la fois utile aux Ukrainiens mais qui ne déstabilise pas nos propres productions ». L’accord réservant des passe-droits tarifaires à l’Ukraine arrive à échéance le 5 juin prochain.