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Conjoncture : Le ciel ne fait pas de cadeaux aux éleveurs
Alors que les ensilages de maïs montent en puissance sur la Bretagne, la pluie a de nouveau détrempé les sols, et la tempête de la semaine a couché des maïs, du sorgho et des tournesols.
Conjoncture – Après un automne 2023 très humide qui avait fortement perturbé les semis de céréales, un printemps également sous la pluie qui avait repoussé les semis de maïs jusqu’en juin, l’été a été assez conciliant, apportant une pluviométrie favorable à la pousse de l’herbe et du maïs. Tout se présentait plutôt bien avec des cultures qui avaient rattrapé leur retard et s’annonçaient plutôt bonnes. Mais le ciel ne fait pas de cadeau aux éleveurs, la pluie qui tombe sans discontinuer, a de nouveau détrempé les sols. La tempête de la semaine dernière dans certaines régions a couché des maïs, du sorgho et des tournesols. Le mûrissement de ces cultures et le ramassage vont être compliqués avec un risque accru de ramener de la terre dans les silos et de voir s’envoler les butyriques à la production laitière. Les sols vont souffrir du tassement des engins agricoles. La récolte de maïs grain sera retardée, avec l’espoir que les conditions climatiques s’améliorent pour le mûrissement et le séchage. Pour le moment, il n’y a pas de conséquence sur les implantations de céréales, avec une météo qui peut encore changer.
Tous ces tracas s’ajoutent à une situation sanitaire qui reste inquiétante pour les éleveurs, et contraignante pour les échanges. La vaccination est au cœur des préoccupations avec des éleveurs parfois perdus dans la stratégie à adopter en fonction des différentes maladies qui circulent sur le territoire et de l’évolution des zonages.
C’est dans un climat plombé par ces nouvelles crises sanitaires que se déroule le Sommet de l’Elevage. Ce grand rendez-vous incontournable des éleveurs est un pôle d’excellence internationale pour réfléchir et appréhender les grands enjeux de demain. La filière est en très grande mutation avec une nécessité de produire ce que les consommateurs recherchent, dans un cadre où l’éleveur peut dignement gagner sa vie. L’équation n’est pas si facile à résoudre dans le contexte actuel. Le pouvoir d’achat des ménages est malmené avec une évolution des achats vers des viandes à bas prix. De son côté, la ferme France poursuit sa décroissance en nombres d’éleveurs et en volumes d’animaux. Cela participe à une revalorisation nécessaire du prix des produits de l’élevage. Le prix des broutards en est un grand révélateur. La progression des prix sur les étals, renforce en revanche la réticence d’une tranche de la population qui à de plus en plus de mal à boucler les fins de mois. Tout est une question d’équilibre, sur un marché européen qui se retrouve dans une position commune de décroissance des cheptels. Le recul des ventes de viande rouge, n’est pas une fatalité, car si on regarde chez nos voisins allemands, la demande a bondi de 4,6 % sur les six premiers mois de l’année. Aux États-Unis qui sont souvent l’antichambre de l’évolution de nos habitudes alimentaires, on assiste également à une amélioration dans la consommation de viande rouge, et d’un recul des ventes dans l’industrie naissante des viandes alternatives. Dans une étude du Circana, davantage d’Américains se disent carnivores, de moins en moins flexitariens. Le chiffre d’affaires des viandes alternatives a chuté de 6,7 % sur les 7 premiers mois de l’année 2024, malgré l’envolée du prix de la viande.
En France, la tendance reste baissière, avec une image de la viande rouge qui est en permanence salie par une frange bien présente de bobo écologiste.