Conjoncture : Le marché entre dans une zone d’instabilité

Avec le changement politique et les mouvements sociaux annoncés le marché risque d’entrer dans une zone d’instabilité avec une retenue des achats des ménages.

Conjoncture – Après une période de rentrée qui s’est faite sous le signe d’un fort manque de marchandise et de tarifs élevés pour les industriels, le marché entre dans une zone d’instabilité politique et sociale. Ces deux éléments sont peu favorables à la consommation, alors que l’offre en réformes laitières devrait s’accroître lentement après les ensilages de maïs.

En cette période de rentrée et face à un consommateur qui se dit de plus en plus flexitarien au regard de l’accroissement des prix dans les magasins, la communication à travers des émissions télé grand public ou des publicités joue un rôle très important, sans oublier la diffusion sur les réseaux sociaux auprès des jeunes générations urbaines qui montrent un attrait grandissant pour les produits transformés (steak haché…). Les jeunes générations mangent naturellement moins de viande à travers des messages distillés par les nutritionnistes, mais également par les institutions de plus en plus sous influence des filières végétales. Mais force est de constater que le français reste attaché à nos traditions culinaires, car la viande qui est moins vendue dans les GMS est consommée dans les restaurants. Cette rentrée met de nouveau en évidence la volonté politique de réduire l’offre de viande rouge aux enfants qui pourront l’adorer. Les volumes écoulés vers la restauration scolaire restent néanmoins importants, avec de la viande française imposée par la loi Egalim, mais surtout par les parents.

Côté production, le monde de l’élevage allaitant profite d’un décalage important entre l’offre et la demande, alors que les industriels couvrent mieux leurs besoins en laitières après une rentrée très compliquée en termes d’approvisionnement. Nos voisins européens sont dans la même situation avec des niveaux de prix comparables aux nôtres. La valorisation des laitières qui fournissent plus de la moitié de la viande, reste au cœur des débats, car elles constituent la base pour le prix de la viande hachée, avec une part de marché qui reste autour des 60 % de pénétration pour les viandes rouges transformées. Sur ce début de mois, les volumes sont en progression et correspondent mieux à la demande qui se rétracte toujours sur la seconde moitié de septembre.

Sur les salons d’Automne que sont : le Space (14 au 18 septembre) et le Sommet de l’élevage (7 au 10 octobre), de nombreux éleveurs passionnés seront mobilisés pour découvrir les dernières avancées technologiques ou plus simplement pour passer un moment de convivialité. Ces manifestations sont également le moment pour mettre en avant le savoir-faire d’éleveurs passionnés. Les grandes enseignes de la distribution vont une nouvelle fois apporter leur soutien à nos filières d’excellence, mais la flambée des prix de la viande bovine depuis le début d’année sera également un point de discussion. Le marché peut encore absorber quelques hausses, mais une attention particulière sera à apporter, pour ne pas dépasser le point d’inflexion (difficile à estimer) qui détournera le consommateur de viande rouge.

Mais dans ce paysage marqué par la forte inflation des prix, les prétendants à l’installation se heurtent aux montants financés à mettre en œuvre, et à des banques qui se retrouvent dans des schémas qui n’ont pas été anticipés (ou pas dans cette amplitude). Le monde de l’élevage a changé d’échelle de valeurs. Il y a pourtant de nombreux jeunes éleveurs passionnés qui peuplent nos campagnes, prêts à prendre la relève d’une profession qui voit plus de départs que d’installation. Ils sont les forces vives de demain, avec des attentes certainement différentes de leurs aînés en termes de qualité de vie. Nos éleveurs font de très bons produits qui, s’ils sont bien mis en valeur chez des professionnels dignes de ce nom, trouvent une très bonne réponse auprès des consommateurs. La grande distribution détient de grands leviers d’orientation, car si les Français aiment la viande, le recul des marges fait que les linéaires laissent la place à des innovations à base de protéine végétale.