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Vendredi 05/12/2025
Conjoncture : Les éleveurs restent mobilisés contre le Mercosur
Cette fin d’année sera très mouvementée dans les campagnes sur le front des négociations avec le Mercosur avec le Brésil comme premier exportateur mondial.
Conjoncture – Dans une France en perte de vitesse économique sur la scène européenne et internationale, l’agriculture et les industries agroalimentaires sont de plus en plus malmenées. Notre balance commerciale agroalimentaire, qui était un des fleurons de notre économie, est en chute libre de 85 % par rapport à l’an dernier. Notre taux global de couverture est à 105 %, mais de nombreuses productions sont déjà largement déficitaires comme l’agneau ou le bœuf. Le processus de décapitalisation des cheptels bovins, viande et lait, face à une demande constante (ou en légère baisse), nous oblige à importer de plus en plus. Or nos voisins européens sont dans la même situation. L’UE a perdu 1 million de vaches en 2 ans. La guerre commerciale à laquelle se livrent les grandes puissances (taxe Trump ou taux de change Euro/dollar) pénalise la compétitivité de nos exportations. Les objectifs de souveraineté alimentaire en viande bovine seront difficiles à atteindre, même si notre pays est certainement le seul à pouvoir y parvenir face au potentiel d’engraissement des veaux et des broutards que nous exportons.
Cette fin d’année sera très mouvementée dans les campagnes sur le front des négociations avec le Mercosur (premier exportateur mondial). L’accord de traité de libre-échange sera-t-il conclu ? L’opposition farouche de la France sera-t-elle suffisante dans une Europe en complet désaccord sur le sujet ? Une chose est sûre, un accord jetterait, un gros bidon d’essence sur le front des manifestations agricoles avec un risque majeur d’embrasement des campagnes pour les fêtes de fin d’année, alors que débutent les négociations commerciales entre les distributeurs, les industriels et les producteurs.
Cet accord n’a pas seulement un volet agricole. Il vise à supprimer les droits de douane actuellement élevés dans des secteurs clés de l’Union européenne : les voitures et pièces détachées, les machines, les produits chimiques et les produits pharmaceutiques. L’agriculture sera-t-elle une nouvelle fois la variable d’ajustement dans les négociations ?
L’ogre brésilien fait peur pour l’élevage avec le risque d’une concentration des importations sur les morceaux à valeur ajoutée que sont les aloyaux. Depuis le début de l’année, l’Union européenne a importé presque 280 000 tonnes de viande bovine en provenance de pays tiers, dont 133 000 tonnes qui viennent uniquement des pays du Mercosur. En cumul jusqu’au mois d’août, les volumes importés sont déjà supérieurs au contingent de 99 000 tonnes accordé au Mercosur avec des droits de douane réduits. Le prix n’est donc pas un frein. Le recours aux viandes sud-américaines a progressé sur les 8 premiers mois de l’année (+ 24 % pour le Brésil, 19 % pour l’Argentine et 29 % d’Uruguay). Le déficit de production et la flambée des prix de la viande dans l’UE ne peuvent que renforcer cet appel d’air.
Les scénarios sont nombreux et tous plus hypothétique les uns que les autres, mais une chose est sûre, le monde d’après sera différent. L’élevage français sera-t-il touché, rien n’est moins sur au regard de la décapitalisation constante ? Les Français resteront attachés à nos produits, pour peu que l’information sur les viandes importées soit effective. Mais l’effet prix sera en revanche très impactant sur les pays plus perméables à la consommation de viande importée, comme l’Italie (notre premier client a l’export).
Les abatteurs observent également de très près ces négociations, car dans le contexte actuel de manque structurel d’animaux et de tarifs élevés, toute décision politique aura des répercussions sur l’avenir de la filière de la transformation.