Conjoncture - Les FCO et la MHE font des ravages.

Les épizooties de FCO 3 et 8 et de MHE se développent à grande vitesse au profit d’une météo très favorable. Les conséquences pour les élevages touchés sont dramatiques.

Conjoncture – Même si tout le monde est conscient du problème, le milieu de l’élevage se dépeuple. La décroissance des volumes perdure avec toujours plus de départs que de reprises. Quand les terres sont cultivables, les animaux sont remplacés par des cultures et cela est très souvent irrémédiable. Dans les zones d’élevage pures, les fermes s’agrandissent, mais sans progression des cheptels, faute de temps ou de main-d’œuvre. La sécurisation alimentaire est une préoccupation forte du monde de l’élevage, avec des changements climatiques aux effets dévastateurs (sécheresse), même si 2023 et 2024 avaient été deux années très clémentes à ce sujet. Le niveau des prix des aliments a baissé dans le sillage du prix des céréales. Sur cette seconde moitié de l’année, les éleveurs vont pouvoir souffler un peu face à des récoltes de maïs qui s’annoncent très bonnes en volumes et en qualité malgré des implantations compliquées et des semis tardifs. L’été pluvieux aura été très favorable et les stocks vont pouvoir être reconstitués.

La seule ombre au tableau et elle n’est pas des moindres, c’est l’évolution des maladies vectorielles (FCO – MHE), avec des répercussions économiques et sanitaires importantes sur les élevages touchés, et des contraintes fortes pour les autres. La vaccination de masse est la seule solution, avec des vaccins disponibles et pris en charge par l’état. La difficulté sera dans la mise en œuvre, car tous les éleveurs ne sont pas prêts à vacciner (face à la charge de travail ou par conviction).

Dans le nord du pays, la FCO 3 entraîne de fortes baisses de production laitière avec des animaux très affaiblis qu’il faut soigner. Les conséquences sur le commerce des broutards et des petits veaux sont catastrophiques, car les sujets qui réagissent aux PCR ne trouvent pas preneur ou pour des prix fortement dégradés (c’est la double peine). La recrudescence de la FCO 8 et de la MHE, a également des conséquences dramatiques pour les élevages touchés. La douceur de cette fin d’été et le relèvement des températures vont contribuer à une multiplication des moucherons vecteurs de ces maladies avec une explosion des cas recensés et une extension rapide des zones régulées.

Dans un contexte déjà très inquiétant, la production laitière reste en net repli, même si les projectionnistes annoncent un ralentissement dans cette baisse. Les effets de ce repli de la production sont très impactant pour les outils industriels qui ont et auront de plus en plus de mal à trouver la marchandise nécessaire pour couvrir leurs commandes, dans un mixte viande transformée/pièces à découper en pleine évolution. Après avoir contenu les prix sur l’été sur les prix pour amoindrir l’écart avec nos voisins européens, les industriels observent depuis deux semaines un manque de vaches pour servir les magasins ou les restaurants scolaires pour la rentrée.

Cette rentrée 2024 se fait sur une dynamique positive en termes de valorisation pour les éleveurs faute d’offre suffisante, quelle que soit la gamme de marchandise. Les ensilages de maïs devraient bientôt débuter et qui vont s’étaler jusqu’à la fin octobre en fonction des indices semés, de l’avancement des cultures et des régions. Cela contribuera ponctuellement à un ralentissement de l’offre. Depuis le début d’année, les abattages de races à viande ont reculé de 6,7 % (6,8 % l’an passé) et de 2,7 % en laitières (-5,6 % l’an passé). La semaine 33 (15 août) a marqué le plus faible volume d’abattage de l’année avec seulement 45600 animaux abattus. Les volumes disponibles ont depuis progressé, pour permettre une meilleure couverture de la demande. Les industriels ont désengorgé leurs frigos.

Cette progression des prix appréciables pour les éleveurs n’est pas sans poser de problème dans le secteur de la restauration hors foyer, attaché au VBF (notamment scolaire) où les budgets restent serrés avec des enjeux sociétaux importants, dans cette période de trouble politique. La loi de programmation agricole est toujours en attente.