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Conjoncture - Plus d’offres sur les concours de Pâques
Commerce en demi-teinte sur les concours de Pâques, avec des prix qui ne suivent pas l’inflation du marché conventionnel.
Conjoncture – Les 21 grands concours d’animaux de boucherie de Pâques, soutenus par la FNCAB (Fédération Nationale des Concours d’Animaux de Boucherie) ont attiré beaucoup de monde autour de spécimens aussi beaux à regarder que plus tard à déguster. Ces manifestations sont souvent l’occasion donnée aux éleveurs de montrer l’élite de leur production. Préparées avec soin depuis parfois plus d’un an, ces championnes sont la fierté des éleveurs. Placés deux à trois semaines avant Pâques, les concours d’animaux de boucherie permettent de laisser un temps de maturation suffisante pour que ces viandes d’exception soient au top pour les fêtes pascales.
L‘édition 2025 des concours de Pâques a vu une progression assez inexpliquée des apports avec près de 2850 animaux contre 2450 l’an passé. A ces grands concours peuvent s’ajouter les plus petites manifestations locales qui regroupent près de 1000/1500 animaux sur l‘ensemble du territoire. Ces volumes ne sont malheureusement pas en accord avec une demande qui se rétracte dans des magasins impactés par la flambée des prix de la viande conventionnelle et des coûts de production. Les marges des bouchers et des rayons à la coupe des GMS ne laissent plus de place pour l’achat de championnes sur les concours. Une plaque suffit pour attirer une clientèle souvent fidèle, mais qui regarde également à son budget. La limite économique pour la valorisation de ces viandes d’exception dans les bonnes boucheries se situe autour de 8,50€. Ce tarif a rarement été dépassé. Passé au-dessus de ces prix, ce n’est plus rentable, sauf si on compte la publicité apportée par ces championnes. Les animaux primés d’entrée de gamme (1er et 2e prix) se sont bien commercialisés, mais pour des tarifs souvent très proches d’un marché conventionnel où les cours sont très soutenus, alors qu’ils doivent supporter les frais inhérents au concours (inscription, transports…). La moyenne des tarifs pratiqués sur les animaux primés se situe entre 7,00€ et 8,00€ avec des championnes vendues de 8,00€ à 9,00€. Très peu ont passé la barre des 10/12€ dans les Grands Prix de Championnat, mis à part pour quelques animaux d’exception vendus entre 13 et 16€ à Varennes-sur-Allier, Baraqueville, Feurs ou Autun.
Face à l’envolée des prix de la viande conventionnelle valorisée entre 5 et 6€, la production d’animaux haut de gamme a-t-elle un avenir ? Oui, pour des éleveurs naisseurs passionnés, mais de nombreux engraisseurs qui achètent des animaux maigres à prix d’or et qui doivent supporter des coûts alimentaires élevés remettent en question ces productions, faute de rentabilité aux conditions actuelles. La filière d’animaux haut de gamme souffre de plus en plus d’un manque de rentabilité, et comme pour l’élevage d’un manque de renouvellement de génération.
S’il existe toujours une clientèle aisée qui ne regarde pas à la dépense, pour ces viandes d’exception, les classes moyennes supérieures font plus attention à leurs dépenses, alors que le gros des consommateurs concentre leurs achats vers la viande hachée ou transformée.
Face à la progression constante des prix, qui ne font que couvrir l’absence de hausse sur les 30 dernières années, la viande bovine est en passe de devenir un produit de luxe un peu partout en Europe.