Conjoncture - « Pourquoi les Français mangent-ils moins de viande rouge ? »

La baisse des achats des ménages de viande bovine est de 9,6% pour la consommation à domicile au premier trimestre.

Conjoncture – Le recul de la consommation de viande rouge est un élément inquiétant pour la production, même si la baisse de cette dernière est encore plus rapide. Les habitudes alimentaires changent et le prix souvent mis en avant pour expliquer cette baisse, ne sont pourtant pas si déterminantes que ça. La consommation de viande rouge est d’environ 22,5 kg/habitant/an. Soit une moyenne de 61 gr/ jour. Les variations de prix au kg ont un impact sur la perception de produit chère que l’on a inculquée depuis de nombreuses décennies au consommateur, mais aux globales, les hausses n’ont que peu d’impact sur les budgets des ménages. Il faut donc aller chercher autre part les explications de cette baisse, et surtout savoir si elle est inéluctable.

Les Français se disent de plus en plus préoccupés par les enjeux environnementaux et se considèrent comme des consommateurs responsables. Mais les informations qu’ils reçoivent sont trop souvent entachées de fausses affirmations, relayées par des militants anti-viandes (très médiatisées), ou des structures qui ont tout à gagner de ce recul (protéine végétale). Le bien-être animal, et les émissions de gaz à effet de serre sont souvent mis en avant. Sur le premier, des efforts considérables ont été faits, même si les méthodes sont toujours perfectibles, et dans tout été de cause les éleveurs n’ont aucun intérêt à maltraiter leurs animaux c’est leur gagne-pain. Sur le second, même si toutes les vaches éructent et pètent, on ne peut comparer les modèles de production hyperintensif américaine, ou brésilien (feedlots), à la production française basée sur l’utilisation de l’herbe, notamment en cette période printanière. L’entretien des espaces naturels et tout l’écosystème qui entoure l’élevage sont vitaux pour garder des prairies, si importantes pour la captation du CO2.

Les Français aiment la viande rouge, mais comme dans de nombreux pays leur choix bascule de plus en plus vers les produits élaborés. Dans ce cas l’impact environnemental prend moins de sens. Tout commence par la petite enfance et des habitudes alimentaires de parents qui ne prennent plus le temps de cuisiner, ou de décision politique (idéologique), qui oriente le mode alimentaire des petits dans les cantines.

En France comme dans beaucoup de pays, il y a une volonté de développement d’alternative à la viande. Ces changements sont comme souvent à l’initiative de personnes et d’entreprises qui désirent conquérir de nouveaux marchés, avec des profits à la clé. L’argent toujours l’argent ! L’évolution des modes de consommation va avec la modélisation des générations, et est très variable d’un pays à l’autre.

Aux États-Unis qui sont souvent montrés comme précurseur, dans ces évolutions, la consommation de produits alternatifs à la viande est en très net recul, avec dans le même temps une progression de la consommation de viande bovine.

Du côté de la production, les préoccupations sont tout autres. Les prix sont maintenant rémunérateurs, mais ce sont les volumes mis en marché qui sont en question, avec des outils industriels maintenant trop nombreux et sous-utilisés. La restructuration de la filière est en route, mais ne se fera pas sans coupe franche et douloureuse pour les territoires concernés. L’époque où la France abattait 60 à 65000 animaux par semaine est passée, sur les 4 dernières semaines où la moyenne était d’environ 52000 gros bovins.