Conjoncture - Quel risque à l’emballement incontrôlé des prix

L’emballement incontrôlé que les opérateurs observent depuis quelques semaines à de quoi inquiéter ou du moins à se questionner.

Conjoncture – Depuis quelques mois, le marché enregistre une très nette progression des prix, qui, apportent une plus juste rémunération des animaux aux éleveurs. Mais l’emballement incontrôlé des prix inquiète les opérateurs du veau, du maigre et de la viande.

Tous les observateurs du marché sont d’accord sur les raisons de cet emballement : la décheptellisation de la ferme France, et plus largement de l’Europe. A coup de verdissement de la PAC et de décisions amenant à réduire les cheptels comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, ou de prix bas pratiqués par les industriels et les GMS pendant des décennies, les éleveurs se sont découragés. Le résultat amplifié par les crises sanitaires ou les aléas climatiques est là devant nous. Les volumes disponibles dans les veaux, les broutards ou la viande sont insuffisants pour couvrir une demande qui faiblit moins vite que la production.

In fine, le consommateur, même s’il aime la viande, aura-t-il les moyens d’acheter de la viande ? Ce seront les familles les moins aisées qui seront les premières touchées. Avec un premier risque de chute de la consommation moyenne de viande. Les éleveurs ne sont en rien responsables de cet état de fait, mais certains acteurs politiques ou influenceurs orientés, prône une déconsommation de la viande pour résoudre ce problème, avec en toile de fond la préservation de la planète.

Une chose est sûre, les prix ne peuvent pas progresser de cette façon, sans contrôle. Nos marchés sont dominés par la demande à l’export au sein de l’UE, mais surtout hors UE.

L’emballement des prix, même s’ils peuvent être grisants et justifiés par la production, fait supporter des risques de plus en plus grands à l’ensemble de la filière. Le premier est financier et chacun sait ce que cela veut dire. Les encours sont de plus en plus conséquents. Le moindre grain de sable pourrait être dramatique, avec des défaillances en cascades et des banques qui ferment les robinets. Tout cela n’est pas souhaitable, et un atterrissage progressif serait le bien venu avant qu’il soit trop tard. Mais le marché en est-il capable ?

Quand on regarde du côté espagnol, qui est actuellement le moteur des exportations vers les pays tiers, les opérateurs commencent à ressentir quelques des signes de réticence face à de nouvelles hausses de prix.

Si aucun scénario n’est écrit, les grandes sociétés qui régissent les marchés de la viande, du veau ou des broutards en ont certainement étudié plusieurs. La prospective fait partie de leur valeur, même si peu d’opérateurs avaient anticipé l’ampleur du phénomène et ces conséquences. Les marchés ont une très grande inertie qu’il est difficile de rompre que ce soit dans le positif comme dans le négatif. Les équilibres sont fragiles et les choix politiques sont compliqués à prendre notamment pour les entreprises les plus exposées.

C’est dans cette fausse ambiance euphorique que seront dévoilés les résultats des élections des chambres d’agriculture, pour définir le paysage syndical de la France pour les 6 prochaines années. Tous les acteurs de l’ensemble des filières se retrouveront du 22 février au 2 mars sur le salon de l’agriculture. Nul doute que les sujets de discussion seront nombreux.

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