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Conjoncture : Sécuriser le sanitaire et faire naître des veaux

Faire naître des veaux et garder le potentiel de production sur notre territoire en vaccinant est une des préoccupations des nombreux acteurs de la filière bovine.

Conjoncture – La souveraineté alimentaire de la France est une utopie tant les importations sont maintenant incontournables au regard de la faiblesse de la production nationale, que ce soit en bovins, ovins, volailles ou porcs. Cela fait des décennies que la guerre des prix a détruit notre tissu de production. Aujourd’hui, les grands pays producteurs sont avides de pénétrer notre marché à valeur ajoutée. La fonte du cheptel allaitant est inquiétante, car elle cumule les arrêts démographiques aux crises à répétition. Or, pour maintenir le potentiel de production, il faut sécuriser le sanitaire dans les élevages par la vaccination et surtout faire naître des veaux. C’est en ce sens qu’Emmanuel Bernard (président d’INTERBEV), a œuvré sur un Sommet de l’élevage, sans bovins.

La France est le premier pays de l’UE en termes de potentiel de production. Il est nécessaire de garder ce potentiel ou de limiter son érosion. La première étape pour y parvenir était d’obtenir des prix rémunérateurs. C’est chose faite avec des tarifs qui ont largement dépassé les coûts de production cet été. Les éleveurs qui n’ont pas été impactés par le sanitaire se portent bien. Pour les autres, le plus important est de protéger l’existant et anticiper les futures attaques. La vaccination, même si elle n’est pas toujours simple à mettre en œuvre, est la seule solution pour protéger les troupeaux. La veille sanitaire française est très efficace et permet de suivre en temps réel l’ensemble des maladies. En revanche, elle ne peut pas anticiper les bonds sanitaires non maîtrisables comme les déplacements des populations ou des produits qui se chargent souvent de véhiculer les vecteurs. Combien de maladies ont ainsi passé notre frontière ?

Les différents stéréotypes de FCO ont été dévastateurs pour la production bovine et ovine, avec des conséquences qui se mesurent en années quand elles touchent la fécondité des animaux. La baisse de volume de broutards que l’on connaît actuellement, est liée aux attaques de FCO 8 en 2024, pour les veaux c’est plus rapide, mais pour le renouvellement des cheptels se sera plus long.

Faire naître des veaux et garder le potentiel de production sur notre territoire, c’est le souhait de nombreux acteur des filières intermédiaires en passant par les engraisseurs, les intégrateurs de veaux et surtout les industriels de la viande. Mais ce souhait est illusoire sur un marché européen de libre-échange. La concurrence générée par les équilibres offre/demande reste le moteur du commerce. Parfois, cela se passe bien, et d’autres fois plus mal. Tout dépend du point de vue où l'on se trouve.

Ces équilibres sont les mêmes sur le marché mondial, avec des enjeux économiques et géopolitiques très importants. Le Mercosur qui fait couler beaucoup d’encre avance malgré la mobilisation des éleveurs. Les importations de viande ont dépassé les contingents à taux réduits. Les exportations en vif vers les pays du pourtour méditerranéen ont bondi et pris la place de nos animaux. Le prix reste le nerf de la guerre, pour nourrir des populations avec des protéines souvent d’entrée de gamme. Le haut de gamme reste le domaine de l’UE et de la France en particulier, mais les volumes s’étiolent.

Des pays comme le Maroc, l’Algérie ou la Turquie importent massivement des bouvillons d’Argentine, d’Uruguay ou du Brésil avec dans ces pays, des structures dédiées à l’export en vif, avec des écarts de valorisation de plus de 2€/kg vif avec la France. L’Espagne, qui a largement orienté sa production vers ces pays, risque d’être le premier pays impacté, même si le déficit de marchandise masque un peu la situation.

Sur le marché de la viande, même si une étude démontre un impact économique modéré d’un accord avec le Mercosur, la multiplication des traités pose en revanche la question de la volonté politique de l’UE à maintenir un tissu agricole viable.

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