- Accueil
- Conjoncture - Un marché mondial très chahuté
Conjoncture - Un marché mondial très chahuté
Si l’envolée des prix est remarquable en France et sur l’ensemble des pays de l’UE, le marché mondial est également très chahuté.
Conjoncture – Les cours ont atteint des niveaux historiques à la Bourse de Chicago, avec un cheptel au plus bas depuis 70 ans avec 86 millions de têtes. Dans ce pays où le BBQ est une institution, la viande ne se négocie pas sur les marchés, mais principalement sur le marché à terme côté en Bourse. Depuis le début de l’année, les prix ont progressé de 11 % et pourraient finir l’année à 20 %. Le bœuf aux États-Unis, c’est la deuxième viande la plus mangée après le poulet. Ce manque de viande est renforcé par la politique de Donald Trump, et par la suspension temporaire des importations du sud du Mexique infesté par la « mouche de viande ». Or, les États-Unis importent généralement plus d’un million de bovins par an du Mexique. Cette pénurie est une mauvaise nouvelle pour les consommateurs à la veille de la saison des barbecues. Cette tension devrait pousser le président Donald Trump à agir sur l’importation de viande, notamment d’Amérique Latine.
De l’autre côté du globe, l’Australie fait de nouveau face à de graves sécheresses sur l’Ouest du pays, alors que des pluies diluviennes se sont abattues dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud. Les éleveurs sont contraints de faire abattre massivement leurs animaux, faute de stock de fourrage. Les prix chutent. Les abattoirs sont engorgés, mais nul doute que cet afflux de marchandise trouvera preneur sur un marché mondial déficitaire et surtout contraint par des manœuvres géopolitiques américaines très changeantes, mais avec des droits de douane à 10 % cela ne devrait pas nuire à la compétitivité de la viande australienne sur le marché américain.
Le Brésil (230 millions de têtes) et ses voisins du Mercosur, restent de loin les premiers exportateurs mondiaux. S’ils effectuent plus de 40 % de leurs exportations vers la Chine, ils demeurent en première ligne pour investir le marché Européen. Depuis quelques semaines, les expéditions de ces pays vers le Maghreb se renforcent pour atténuer les très hauts niveaux de prix pratiqués sur l’Espagne. Pour information, les broutards croisés Angus-Herford de 260kg se négocient autour de 2,10€/kg de carcasse et 1,60 € pour les Zébus. Il faut bien sûr assurer l’acheminement de ces animaux par bateau, mais le coût est amoindri par les volumes mis sur les bateaux.
En Europe, les données sont connues avec une décheptelisation majeur, y compris chez les gros pays exportateurs (Pologne, Irlande). Les tarifs ont connu une inflation jamais observée, mettant à plat toutes les certitudes. Les entreprises naviguent à vue, et peinent à mettre en place des stratégies tant que les hausses perdurent. La tentation d’ouvrir nos frontières est grande pour faire retomber la pression, mais à quel prix pour le tissu de l’élevage. C’est le scénario, qu’ont vécu les producteurs ovins il y a 40 ans avec les importations néo-zélandaises.
Les tarifs ne peuvent malgré tout aller dans des limites, qui ne seraient plus acceptées par les consommateurs. Mais qui connaît aujourd’hui ce plafond de verre.