Conjoncture : Une fin d’année très mouvementée

Les éleveurs maintiennent la pression, avec une priorité à l’assouplissement du millefeuille administratif, le refus d’un accord avec le Mercosur et une colère face aux députés, qui en faisant tombé le gouvernement, ont annulé de fait (ou du moins reporté), les acquis devaient être actés dans le nouveau projet de loi de finances.

Conjoncture – Cette fin d’année est comme annoncée très mouvementée sur le front des négociations avec le Mercosur (premier exportateur mondial). L’accord de traité de libre-échange sera-t-il conclu à l’occasion du sommet du Mercosur qui se tient les 5 et 6 décembre à Montevideo, en Uruguay ? L’opposition farouche de la France et de la Pologne sera-t-elle suffisante dans une Europe en complet désaccord sur le sujet ? Une chose est sûre, un accord jetterait, un gros bidon d’essence sur le front des manifestations agricoles avec un risque majeur d’embrasement des campagnes pour les fêtes de fin d’année, alors que débutent les négociations commerciales entre les distributeurs, les industriels et les producteurs.

L’ogre brésilien fait peur pour l’élevage avec le risque d’une concentration des importations sur les morceaux à valeur ajoutée que sont les aloyaux. Ces produits ne seront pas présents dans les GMS, mais ils pourraient pénétrer très sensiblement la RHD, et bouleverser les équilibres chez nos fournisseurs européens qui sont de loin nos premiers partenaires. Cela pourrait également impacter nos exportations, notamment de jeunes bovins sur le marché italien si le Brésil revenait en force.

Les scénarios sont nombreux, et tous plus hypothétique les uns que les autres, mais une chose est sûre, le monde d’après sera différent. L’élevage français sera-t-il touché, rien n’est moins sûr au regard de la décapitalisation constante ? Les Français resteront attachés à nos produits, pour peu que l’information sur les viandes importées soit effective dans les plats cuisinés ou la RHD invisible.

Pour le moment, les éleveurs maintiennent la pression, avec une priorité à l’assouplissement du millefeuille administratif. La volonté politique est de leur côté, mais faire bouger le lion de mer administratif ne sera pas chose facile. En tout état de cause, la motion de censure du gouvernement Barnier a tout remis à plat, laissant les agriculteurs dans un grand désarroi. Toutes les avancées qui devraient être actées dans le nouveau projet de finance de l’état sont une nouvelle fois reportées.

L’élevage est un métier de passion où les hommes et les femmes ne comptent souvent pas leurs heures, les jeunes générations qui sont de plus en plus issues du milieu non agricole sont en revanche plus sensibles à la gestion du temps libre notamment quand les conjoints travaillent hors de l’exploitation. Cela n’entame aucunement leur motivation, mais cela accentue les modèles de décloisonnement en entraide ou en salariat. Mais ce beau métier n’attire pas assez les jeunes générations, avec une image dégradée en termes de revenu notamment dans le milieu de l’élevage. L’agriculture de demain aura besoin de bras et de chef d’exploitation performant et de moyen financier, car aujourd’hui, une ferme c’est une entreprise à part entière où l’éleveur doit être technicien, respectueux des contraintes environnementales ou sociétales de plus en plus nombreuses, mais également un homme ou une femme d’affaires qui doit valoriser ses produits et gérer ses achats, sans oublier la gestion des trop nombreuses tâches administratives ou comptables… C’est un très beau métier qui flatte souvent les papilles de consommateurs exigeants, mais qui doit en retour permettre de vivre décemment et durablement. Le chantier du renouvellement des générations est complexe, mais il ne touche pas uniquement la partie production.

Les transformateurs observent également un désintérêt du travail en abattoir ou en unité de transformation avec des métiers durs, même si les conditions de travail ont considérablement été améliorées. Le renouvellement des générations dans la boucherie traditionnelle est inquiétant, car sans vrai professionnel pour travailler et vendre notre belle production, à quoi cela sert de la produire ?

L’érosion de la production de viande est catastrophique et met en péril toute une filière. La France a les moyens de puiser dans ses stocks avant d’en arriver à une pénurie, mais ce sera au prix d’une réduction de nos exportations, ce qui n’est pas une chose facile quand la demande est soutenue et qu’une grande partie des éleveurs allaitants du centre du pays ont axé leur développement vers les marchés exports. La France a besoin principalement de viande basique pour la production de viande hachée, le tout dans un équilibre tarifaire au niveau de l’UE toujours très instable.

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