Crédits carbone : « J’augmente la part de légumineuses et les apports de compost »

Agriculteur à Fouronnes (Yonne), Luc Jacquet est, depuis plusieurs années,  dans une démarche d'agriculture avec stockage de carbone qu'il entend améliorer encore avec une rémunération à la clé de ses crédits carbone.

« J’ai signé un contrat en novembre 2020 avec Soil Capital. Je pratique le semis direct sous couverture végétale depuis plusieurs années, ce qui améliore mes sols avec le stockage de matière organique. Avec la vente de crédits carbone, j’espère un retour sur investissement de ces efforts, d’autant plus que je recherche du revenu. Dans notre région, nous avons connu des résultats catastrophiques en rendement dans un passé récent.

En 2021, j’ai réalisé un mélange de plusieurs espèces à dominante légumineuses et crucifères en couvert d’interculture avant le semis d’une orge de printemps. Avec le semis direct, ma consommation de fioul est moins importante qu’avec un travail du sol. C’est pris en compte dans le calcul de réduction des gaz à effet de serre. Les pailles sont laissées au sol. Le colza est semé avec des plantes compagnes (légumineuses).

Je compte augmenter la part de légumineuses, déjà importante, avec du fenugrec en production de semences. L’été 2021, j’ai apporté du compost enrichi en P et K pour corriger une carence en phosphore, à raison d’1,5 t/ha (70 à 100 €/t). Cela fournira en plus de l’azote organique. Je ferai de plus en plus ce type d’apport pour stocker le carbone et améliorer la réserve utile des sols. Ces pratiques réduisent aussi le recours aux engrais minéraux. Je diminue les phytos, ce qui participe à la baisse des GES.

Selon le diagnostic réalisé sur ma première année d’engagement (2021), j’ai stocké 1,04 t/ha de carbone sur mon exploitation. La référence régionale en grandes cultures retenue par Soil Capital est de 0,25 t/ha de carbone déstocké. Mon bilan est donc d’1,29 t/ha de carbone stocké sur 122 hectares. En mai, je toucherai un minimum de 27,50 euros par crédit carbone sur 80 % de mes crédits, conformément au contrat. J’espère au moins 45 à 50 euros compte tenu de cours élevés sur le marché du carbone. Il n’y a pas de garantie formelle de rémunération de tous les crédits carbone générés mais je suis confiant, de gros opérateurs se sont engagés sur les achats. »

 

 
En tant que légumineuse, le trèfle incarnat porte-graines participe à la réduction des gaz à effet de serre. © L. Jacquet