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Dans le parc des Volcans d'Auvergne, l'utilisation des appli de randonnées multiplie les traces sauvages
La saison estivale a débuté et avec elle, les randonneurs affluent sur les chemins. Dans les zones fréquentées, la conciliation des usages est parfois délicate. Petit rappel de ce qui est autorisé ou non.
La période estivale a commencé et les premiers randonneurs sont arrivés. Le Puy-de-Dôme recense 4 223 km de sentiers inscrits mais l'avènement des applications mobiles élargit encore les possibilités, avec la création de tracés sauvages à travers bois et prés. « L'utilisation de ces applications apparaît comme normale pour les gens. De ce fait, ils pensent que les circuits proposés sont reconnus et ne posent aucun problème » explique Antony Porte, garde nature au Parc Naturel Régional (PNR) des Volcans d'Auvergne. Or dans certains secteurs, comme sur la chaîne de puys, la fréquentation parfois intensive des sites occasionne des difficultés de conciliation des usages entre les randonneurs et les propriétaires. Le PNR multiplie les recommandations auprès des touristes et appelle les habitants et les agriculteurs à adopter certaines pratiques.
Les agriculteurs peuvent se rapprocher des différents services du parc ou de l'état, s'ils identifient des problèmes récurrents sur leurs parcelles.
Les randonneurs, guidés par les appli, sortent des sentiers battus
Sur l'ensemble du territoire du parc, il est demandé aux randonneurs de circuler uniquement sur les chemins balisés PR, GR ou autres. « Sur ces randos balisées, il y a souvent une convention de passage avec les propriétaires. » Les indications sur le terrain prévalent, quelles que soient les circonstances. Dans le cas d'une trace sauvage passant au milieu d'un pré ou sur un chemin privé, il est possible d'en interdire l'accès par la pose d'une chaîne ou d'un panneau. Si malheureusement les passages continuent d'être empruntés, Antony Porte conseille de faire appel aux gardes nature du parc.
« On peut mettre en place un contournement ou un aménagement pour limiter les passages et surtout les dégradations. On peut aussi prendre contact avec le gestionnaire de l'application qui propose le tracé pour l'effacer ou le dévier vers une piste balisée. »
Le secteur de la chaîne des puys compte un grand nombre de ces traces sauvages. Hors des sentiers battus, elles sont problématiques pour les agriculteurs qui voient leurs prairies dégradées et pour leurs animaux dérangés. Elles participent également à la dégradation des milieux en accentuant l'érosion et en perturbant la faune locale.
Antony Porte et ses collègues veillent à orienter les randonneurs vers les bons chemins. « Dans la majorité des cas, les gens n'ont pas l'information. Ils n'ont ni la volonté, ni l'intention de faire quelque chose qui n'est pas recommandé ou qui pourrait nuire au site. »
Le bivouac, une pratique en plein boom
Qui dit été, dit aussi bivouac. À l'instar de la randonnée, la pratique se développe. Là aussi les gardes nature du PNR émettent plusieurs recommandations aux pratiquants et aux agriculteurs.
En dehors des sites classés (parc national…), le bivouac est autorisé si le propriétaire a donné son accord.
Cependant, les nuits à la belle étoile ne sont pas encadrées par le droit le français. « Le bivouac est toléré mais rien ne le différencie clairement du camping. » Le PNRV a donc travaillé avec les services de l'État et l'ONF pour élaborer un encadrement sur le territoire du parc.
Les campeurs n'ont le droit de monter leur tente qu'à partir de 20 heures et doivent l'avoir démontée avant 8 heures le lendemain matin. Une seule nuit au même endroit est tolérée.
Les feux de camp ne sont pas autorisés, les déchets doivent être emportés et une autorisation du propriétaire doit être demandée au préalable. Le bivouac n'est pas autorisé sur les puys, ni sur le cratère ou les flancs. Les campeurs sont invités également à se placer en lisière de bois ou forêt et à ne pas entrer dans les prairies de fauches ou pâtures. « Ils peuvent se mettre le long des pistes, sauf interdiction sur le terrain » précise Antony Porte.
« L'abandon des déchets et les feux de camp occasionnent des situations qui dégénèrent rapidement avec les agriculteurs et les propriétaires » avoue Antony Porte.
Le code forestier interdit les feux à moins de 200 m des bois et forêts. Il peut être renforcé par un arrêté préfectoral. Celui en cours sur le Puy-de-Dôme depuis le 13 juin, autorise les feux de camp pour toute l'année. « Il peut être amené à évoluer notamment lorsque la sécheresse et le risque d'incendie augmentent. » Le département est pour l'instant toujours en vigilance modérée pour les feux de forêts (source Météo des Forêts).
Le garde nature invite les agriculteurs concernés à placer des panneaux interdisant le bivouac, près des zones où ils le refusent (pâture, entrée de prés…).
« Quand on va voir les gens en bivouac, dans la grande majorité, ils ne connaissent pas les pratiques agricoles. Ils n'ont pas conscience que des gens travaillent dans la nature. La nature est un bien commun dans l'esprit collectif mais on oublie qu'elle est gérée par des propriétaires privés. »
Sur d'autres zones très fréquentées ou les estives, les agriculteurs créent des aires de bivouac « 50 m2 suffisent » pour limiter les installations dérangeantes. Une application dédiée permet de les faire connaître ainsi que les recommandations des bonnes pratiques.
Chiens et vans aménagés, oui mais pas partout !
Enfin, concernant les chiens, le PNRV recommande aux randonneurs de systématiquement tenir leur compagnon en laisse. Sur la chaîne des puys (puy de Pariou et puy de Côme) deux arrêtés ont été pris pour la protection des milieux et interdisent de détacher les chiens. Dans d'autres secteurs, des arrêtés municipaux peuvent également être pris dans ce sens.
Le code de l'environnement interdit de garer sa voiture en dehors des voies ouvertes à la circulation publique. La circulation motorisée de loisirs (voiture, motos…) est aussi interdite hors des pistes.
« Circuler et/ou installer son van, sa voiture, son quad ou sa moto dans une prairie est interdit sauf dans un cadre professionnel comme les agriculteurs ou les forestiers. »
Concernant les chemins privés, l'interdiction de leur accès doit être matérialisée. Quant aux chemins publics, c'est à la commune de prendre des arrêtés interdisant leur accès à des fins de protection ou de conciliation des usages.