Timac Agro : booster les performances de son élevage sans chimie de synthèse

“Salive DissO 2, 24/06” cette mystérieuse inscription, notée sur un grand bécher contenant un liquide rose fluo intrigue : de la salive ? Étonnante couleur ! Autour, tout est impeccablement ordonné : tubes transparents, pipettes de toutes tailles, solutions aqueuses, agitateurs magnétiques… Sur les paillasses immaculées du laboratoire du CMI (Centre Mondial de l’Innovation), les instruments s’alignent avec précision. Ce centre de recherche, qui regroupe 80 scientifiques, surplombe l’usine de Timac Agro, leader de la nutrition végétale et animale et des amendements des sols, implanté au cœur de Saint-Malo. Le groupe malouin maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur, de la conception à la fabrication de ses solutions, aussi bien pour les plantes que pour les animaux. Une configuration unique dans le secteur.

Innover sans test sur l’animal : une priorité éthique

“Nous agissons principalement à titre préventif, pour améliorer les performances zootechniques des animaux, tout en renforçant leur bien-être et en réduisant l’empreinte environnementale des systèmes de production”, explique en souriant l’une des 200 scientifiques du site. “Toutes nos solutions sont testées in vitro, et non in vivo". Elle pose alors un pétri, une petite boîte transparente utilisée en microbiologie, sous le microscope : “vous voyez le gros point noir ? C’est une reproduction miniaturisée de l’estomac grêle d’un ruminant. C’est ce que l’on appelle un organoïde. Il nous permet de tester nos solutions sans intervenir sur l’animal et pour lui éviter toute souffrance”. Les résultats obtenus en laboratoire orientent ensuite la formulation de compléments nutritionnels, qui seront proposés sous forme de blocs à lécher, poudres, liquides ou micro-granulé, distribués via des coopératives, magasins spécialisés ou directement aux producteurs.

Une approche scientifique au service de la performance 

Dans une autre pièce, Maéva Halgrain, responsable du pôle développement en production animale, montre un dispositif de simulation digestive : “ ici, nous utilisons un rumen artificiel. On y reproduit le pH de l’animal pour prévenir des troubles comme l’acidose, et mesurer l’absorption des minéraux". Plus loin, un labyrinthe de tuyaux prend racine dans un bécher. “Là, nous mesurons les gaz produits par la digestion des ruminants, en particulier le méthane. Grâce à notre produit Noyau Boost, qui stimule le microbiote ruminal, la digestion de la matière sèche augmente de 22 % tandis que les émissions de méthane diminuent de 20 %. Ces innovations permettent d’allier productivité et durabilité : l’objectif est de proposer des compléments nutritionnels à fort rendement, avec un faible impact environnemental", résume Tristan Chalvon Demersay, directeur en recherche et développement en nutrition animale et environnement. 

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Accroître les performances animales

"Nous cherchons à optimiser l’efficience alimentaire des élevages, en valorisant chaque ration distribuée, reprend Maéva Halgrain, cela passe aussi par une meilleure gestion des risques sanitaires : troubles de la reproduction, mise-bas difficile, déficit immunitaire…” Par exemple, l’aliment minéral micro-granulé Spadea rumen permet de maintenir le pH ruminal, favorise la digestion et augmente les performances de l’animal. “Le gain potentiel peut aller jusqu’à 2,3 litres de lait par vache et par jour !”, se réjouit-elle. Puis elle sourit : “en soi, nous entraînons de grands sportifs pour en tirer le meilleur de leurs capacités”.

Une démarche guidée par le terrain

Les retours du terrain nourrissent en permanence les travaux du CMI. "Nous comptons 350 technico-commerciaux, qui interviennent chaque jour sur plus de 80 000 exploitations partenaires", développe Bruno Lebailly, directeur marketing. “Ce sont eux qui nous remontent les besoins et problématiques, afin que nous puissions concevoir des produits réellement adaptés”. Ils réalisent des diagnostics sur site et accompagnent les éleveurs dans la bonne utilisation des produits. Timac Agro peut aussi s’appuyer sur ses 40 filiales dans le monde, pour comprendre l’impact des conditions climatiques sur l’élevage. "En Uruguay, par exemple, les agriculteurs nous alertent sur une prolifération anormale de tiques. Nous travaillons actuellement sur une solution naturelle. Ce genre de situation finira par nous concerner ici aussi, avec le changement climatique”, explique gravement Maéva Halgrain. 

Des produits biosourcés et locaux

Le directeur de l’usine de production animale, Bruno Bourhis, dévoile les composants de leurs produits. “Nous ne faisons pas d’engrais chimiques. Il est important de faire la distinction. Nos produits sont biosourcés : 95 % des matières premières utilisées en nutrition d’origine naturelle ou minérale, et 60 % viennent de France". Il révèle aussi l’achat d’ail français. Une bonne nouvelle pour les producteurs qui peuvent davantage vendre pour l’alimentation et de surcroît gagner plus. “Nos blocs à lécher, seaux, micro-granulés et autres formats contribuent également à réduire les émissions polluantes, comme l’ammoniac. Dans les élevages porcins, les résultats sont de l’ordre de 20 à moins 30 % de carbone". Ces nutriments sont fabriqués à quelques centaines de mètres du CMI, dans l'usine intégrée au paysage portuaire de Saint-Malo, reconnaissable à sa façade bleu marine et ses fenêtres en losange jaune, typiquement malouines. Seules les odeurs de mélasse et de céréales, ainsi que les palettes empilées, révèlent une activité industrielle. Au total, ce sont plus de 15 000 tonnes qui y sont produites chaque année. 

Chez Timac Agro, la science ne reste pas sur les paillasses. Elle se transforme en solutions concrètes pour les éleveurs et l’environnement. En combinant innovation, observation du terrain et fabrication locale, le groupe malouin prouve qu’il est possible de concilier performance animale, durabilité et proximité.