Dans le sillage d’avril, ce début de mois de mai reste pluvieux.

[conjoncture] La météo instable perturbe les travaux de printemps et pénalise la consommation des pièces nobles.

Si les pluies de ces derniers jours ont ramené de la vigueur aux prairies où l’herbe a été ramassée sur le grand ouest, elles demeurent très handicapantes sur le nord du pays. De nombreuses prairies qui n’ont pas pu être pâturées, l’herbe a été ramassée ce qui permet de faire des stocks tant en ensilage qu’en enrubanné. Dans le centre du pays, les températures restent très fraîches et les sorties d’animaux se poursuivent doucement.  Il est encore un peu tôt pour les fenaisons, mais les conditions hydriques des sols sont bonnes pour une belle récolte. Les herbages sont fournis pour accueillir les animaux.

Même si les coûts de production se sont rétractés, les éleveurs ont besoin d’une herbe de qualité pour engraisser et finir leurs animaux. Les volumes récoltés en ensilage ou enrubannage pour ce début de printemps sont de qualité. Du côté des laitières, le niveau actuel des prix fait prendre conscience à certains éleveurs de l’intérêt de faire prendre des kg à moindre coût en herbage (pour peu que cela soit possible). Une grande partie des animaux part encore à l’abattoir sans finition préalable avec un état d’engraissement (1 ou 2).  Une vache laitière sur deux est abattue dans l’état. Pourtant, une vache engraissée prend en moyenne 70kg selon l’institut de l’élevage, elle peut gagner 1/2 de classe avec un écart de valorisation souvent considérable. L’augmentation du prix de vente peut ainsi représenter un gain allant de 250€ à 350€/ animal.

Cela va permettre un désengorgement des frigos des abattoirs. Cette gamme de produits est très sensible à la météo. Le mois de mai 2024 concentre une nouvelle fois quatre ponts : 1er et 8 mai, Ascension et la Pentecôte, ce qui va allonger les week-ends pour les familles, mais cela va également impacter l’activité des entreprises.

La consommation de viande est également une question de météo, car les Français aiment les parties de barbecues, et sont même impatients après des mois de grisaille. Le niveau de la demande tend doucement à se renforcer avec un basculement saisonnier des plats d’hiver aux viandes estivales. Les perspectives du marché français sont plus favorables, avec des volumes à l’importation qui s’étiolent en même temps que les prix UE remontent.  Cela ne va pas suspendre les mouvements de viande, car les « équilibres matières » imposent toujours des ajustements.

La seule ombre au tableau, c’est la tension observée sur les prix des jeunes bovins en Allemagne et en France, alors que les marchés italiens et espagnols restent très toniques.  L’Italie subit le recul des mises en place de broutards de l’an dernier, ce qui a entrainé une réduction de l’offre en viande. D’autre part, cette production largement intégrée dans ce pays doit maintenir des niveaux de rémunération élevés pour permettre un équilibre économique des ateliers d’engraissement. Au regard des tarifs actuellement pratiqués dans les broutards, les prix devraient rester soutenus dans ce pays. De son côté, le marché espagnol a pleinement bénéficié de sa position préférentielle pour servir un marché algérien en grand déficit de viande pendant le ramadan, et même si les exportations se tassent quelque peu depuis deux semaines, les tarifs des jeunes bovins résistent bien. En Allemagne, c’est la consommation de viande rouge qui flanche avec une proportion grandissante de la population qui a banni la viande de son alimentation. Ils sont 8 millions à être végétariens et 1,58 million à avoir opté pour le véganisme en 2022. Le nombre de végans a ainsi été multiplié par 16 en dix ans. Cette baisse de consommation impacte la production de jeune bovin avec des prix qui mettent cette viande attractive à l’export surtout dans une période où les vaches vont manquer. Les engraisseurs français subissent depuis quelques semaines une pression des abatteurs, dans un contexte d’offre en décalage avec les besoins du marché et impactée par le repli des ventes sur la Grèce pendant le carême orthodoxe.  Les ventes vers la Grèce vont reprendre ce qui devrait raffermir le commerce sur les avants, d’autant que l’offre en réformes laitières est à la baisse.

Même s’ils sont encore loin, les JO 2024 vont faire sérieusement monter la demande. Des productions de substitution aux réformes laitières, qui seront trop peu nombreuses, sont mises en place par les gros opérateurs, notamment avec des jeunes bovins laitiers ou croisés. Cela devrait permettre de trouver une nouvelle voie pour les petits veaux. Il sera intéressant de suivre ce nouveau paysage et les équilibres de marché après l’été.

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