Dans les Hauts-de-France, les entreprises s’engagent pour financer l’agriculture régénératrice

Une opération pilote à grande échelle dans les Hauts-de-France, regroupant l’amont et l’aval du secteur agricole, afin d’offrir aux agriculteurs un cadre sécurisé pour leur transition agroécologique : telle est l’ambition de l’initiative Covalo (« COpérer et VALOriser »), présentée à la presse le 27 novembre.

Groupe Bonduelle, Unéal, McCain, Tereos, Roquette ou encore Coopérative U, Crédit Agricole et l’Agence de l’eau : pour financer la nécessaire transition agroécologique et assurer la régénération des sols agricoles, les entreprises, privées comme publiques, sont invitées à mettre la main à la pâte, ou plutôt, les mains dans la terre. L’enjeu, pour tous les acteurs, est de préserver la capacité des sols français à produire en quantité et en qualité, dans une logique de souveraineté alimentaire.

L’initiative met en place un modèle de financement innovant, combinant des primes filières à l’hectare, des paiements pour services environnementaux et une offre bancaire, portée par le Crédit Agricole Nord de France.

« Les agriculteurs ne peuvent pas conduire seuls cette transition », a affirmé Anne Trombini, directrice générale de Pour une agriculture du vivant (PADV), l’association qui porte ce projet financé dans le cadre de France 2030.

Les Hauts-de-France, première région agricole française avec plus de 2 millions d’hectares de surface agricole utile, une part importante de cultures industrielles et la présence de grands groupes agroalimentaires, s’est imposée comme un territoire-clé pour expérimenter ce modèle ambitieux d’accompagnement technique et financier des agriculteurs, fondé sur une coordination des acteurs, un partage des investissements et une mutualisation des moyens.

« On demande aux agriculteurs d’adresser les enjeux de réduction des gaz à effet de serre, de stockage du carbone, mais aussi d’adaptation au réchauffement climatique. Autant de défis qui nécessitent des investissements, des débouchés et des filets de sécurité face aux prises de risques », poursuit Anne Trombini.

L’initiative Covalo repose sur la participation financière des acteurs de la filière pour l’accompagnement technique des agriculteurs, ainsi que des primes à l’hectare, conditionnées à des obligations de résultat en matière d’agroécologie.

Pour permettre à tous les acteurs de bénéficier d’un même référentiel, un indice de régénération (IR) a été construit par PADV, fruit d’une collaboration scientifique et de terrain. Il permet de faire un état des lieux des pratiques agroécologiques et de mesurer les démarches de progrès. Conçu comme un outil de dialogue entre le terrain et les filières, l’IR vise à créer un langage commun entre les agriculteurs, les industriels et les financeurs.

Une première offre bancaire pour la transition agroécologique

Cet indice est notamment utilisé par le Crédit Agricole Nord de France pour proposer une offre bancaire spécifique à la transition agroécologique. Concrètement, l’offre « Transition + » propose des taux bonifiés jusqu’à 60 000 euros pour les agriculteurs engagés dans des démarches de transition certifiées : c’est le cas pour la certification bio, pour le label bas-carbone ou pour tout agriculteur affichant un IR supérieur à 40.

L’indice est également pris en compte dans le cadre d’un paiement pour services environnementaux (PSE) financé par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, visant à soutenir les mesures agroécologiques mises en place sur le territoire.

Un premier appel à candidatures pour le projet Covalo dans les Hauts-de-France a déjà permis d’embarquer une centaine d’agriculteurs, avec un objectif de 1 700 d’ici 2028.

Quatre autres projets territoriaux sont en construction dans d’autres régions françaises avec la Cavac, NatUp, Terrena et Val de Gascogne.