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Dérogations pour les néonicotinoïdes : « un recul inacceptable » selon les ONG
Après une lettre adressée au ministre de l’Agriculture à la mi-août, les organisations non gouvernementales réitèrent leur fronde contre le retour temporaire des néonicotinoïdes dans les champs en interpellant cette fois les parlementaires.
Alors que le gouvernement a présenté mercredi dernier en conseil des ministres le projet de loi permettant la réintroduction de semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes afin de protéger la filière, de nombreuses organisations de défense de l’environnement et des consommateurs s’insurgent contre cette dérogation.
Dans un courrier commun publié le 7 septembre, 31 organisations, parmi lesquelles la Confédération paysanne, la Fnab, l’Unaf, Greenpeace, Génération futures ou encore l’UFC-Que-Choisir demandent aux parlementaires de ne pas voter cette dérogation, « en total contre-pied avec l’ambition annoncée d’un nouveau modèle agricole respectueux de l’environnement et de la santé ».
« Les néonicotinoïdes ont des effets délétères avérés inacceptables sur les insectes pollinisateurs et sur la biodiversité, sur la qualité des sols et de l’eau, et sur la santé humaine », alertent les organisations.
Pour protéger les pollinisateurs, le gouvernement a annoncé avoir mandaté l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) afin d’établir une liste des cultures mellifères qui ne pourront être cultivées derrière les betteraves, pour ne pas exposer les insectes l'année suivante à des résidus de produits enfouis dans les sols et remontés par la sève des végétaux. Un plan de protection plus global des pollinisateurs est en cours de discussion pour la fin de l'année.
Dérogations réservées à la betterave
Or, « l’exposition des abeilles et autres pollinisateurs aux néonicotinoïdes se fait aussi, et peut-être même surtout, par les fleurs sauvages », arguent les organisations dans leur courrier. Et de détailler : « Une étude de 2015 montre clairement que les plantes se trouvant à proximité des cultures traitées aux néonicotinoïdes sont largement contaminées, conduisant ainsi à une contamination importante du pollen ramené dans les ruches ».
Les organisations craignent également que cette loi « ouvre la boîte de Pandore » en permettant des dérogations aux autres cultures, comme le maïs. Une crainte que le gouvernement a plusieurs fois écartée, en affirmant que les dérogations seraient réservées uniquement à la betterave, et prises par arrêté conjoint des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement.
Mais les organisations considèrent ce projet de loi comme « un recul inacceptable ». « Les solutions alternatives au recours de ces produits dangereux existent et doivent être développées et soutenues, écrivent-elles. En dernier recours, des fonds d'urgence éco-conditionnés peuvent être débloqués durant la transition pour compenser d'éventuelles pertes et transformer les pratiques agricoles ».