[Dossier annuel bovins viande] 2020 restera dans les mémoires

En 2020, le marché s'est renationalisé. En 2021, les disponibilités françaises sont en retrait, sauf accélération de la décapitalisation.

2020 restera dans les mémoires. Confinements, fermetures de restaurants, couvre-feux, … des contraintes qui n’avaient été connues qu’en temps de guerre. L’impact sur le marché intérieur de la viande bovine a été profitable à l’offre nationale, avec l’envolée de la demande de haché et de produits d’origine France dès le printemps. Les prix des femelles en ont bénéficié à partir de juin, s’établissant à +2 à 3% en moyenne annuelle pour les vaches et les génisses de type viande. 

En revanche, certains des principaux marchés à l’export de viande de mâles ont été très affectés par la pandémie. La Grèce surtout, avec une forte raréfaction du tourisme, et l’Italie dans une moindre mesure. Le marché allemand est resté très demandeur, malgré la baisse du prix du porc suite aux cas de FPA sur son territoire, et les exportations françaises se sont diversifiées vers les pays tiers (Israël, Suisse, Chine…). Globalement, les exportations françaises n’ont reculé que de -4% en volume en 2020/2019, mais les prix des jeunes bovins ont perdu 11 à 12 centimes pour les types viande en moyenne annuelle (-3%) et l’écart avec 2019 s’est accentué en fin d’année. Les cours des broutards mâles ont également cédé -3 à -5% selon les catégories et les races. Les exports de bovins maigres se sont bien maintenus en têtes vers l’Italie, principal débouché, mais ont décru surtout vers l’Espagne (-21%) et vers les pays tiers après une forte année 2019 (-12%). 

Les importations ont chuté beaucoup plus fortement, de -16%, avec les restrictions affectant la restauration. Du coup, malgré un approvisionnement national renforcé en viande rouge (+1,3%), la consommation calculée par bilan a diminué de -2,3% alors que la demande française adressée à la VBF progressait de +1,4% ! 

Crises sanitaires, recul de certains marchés à l’export et crises climatiques (3ème voire 4ème sécheresse estivale consécutive dans beaucoup de régions françaises) ont convergé pour fragiliser les résultats des exploitations allaitantes françaises. Les résultats courants estimés pour 2020 des élevages bovins viande des Réseaux INOSYS chuteraient de -20% à -32% selon les systèmes. La dégradation est marquée depuis 2017 et se traduit également dans les trésoreries. 

La filière veau de boucherie a été encore plus impactée, induisant une baisse des mises en place à partir du printemps et un recul de la production annuelle malgré l’alourdissement (-3%). Le résultat courant des exploitations chuterait de -18%. 

En 2021, la décapitalisation tant allaitante que laitière devrait se poursuivre, voire s’accentuer. Contrainte par des disponibilités plus réduites, la production française reculerait de -1%. La demande de broutards italienne parait toujours ferme, et les exports pourraient rester stables. Les grandes questions concernent les dates de réouvertures de la restauration et du tourisme, en France comme dans les pays partenaires, et encore davantage la situation climatique. Les capacités des exploitations d’élevage à investir, voire à faire face à des charges opérationnelles accrues (renchérissement actuel des matières premières) paraissent très fragilisées en absence d’embellie durable sur la valorisation des mâles.

idele