Œufs contaminés : quel impact sur l’élevage français ?

Rencontre avec Philippe Juven, président du Comité national pour la promotion de l'œuf (CNPO). Ce producteur d’œufs se bat depuis que l'affaire a éclaté pour garder la confiance du consommateur.

Depuis la révélation de la contamination de millions d'œufs au fipronil, les producteurs français semblent préservés du scandale, contrairement à leurs homologues néerlandais. En effet, l'insecticide incriminé ne dispose pas d'autorisation de mise sur le marché en France. « C'est pourquoi nous nous permettons de dire qu'aucun éleveur français n'utilise ce produit », insiste Philippe Juven, producteur d'œufs dans la Drôme et président du Comité national pour la promotion de l'œuf (CNPO). « En France, sur le plan sanitaire, on est irréprochable », résume ainsi Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. 

Seul un éleveur du Pas de Calais s'est déclaré spontanément auprès des autorités : « une désinsectisation de son élevage a été réalisée par une entreprise belge », précise Philippe Juven.  

Des éleveurs « agacés »

Pour autant, l'inquiétude prévaut au sein des producteurs français, qui ont tous en mémoire la crise de la vache folle et ses répercussions économiques. « Les éleveurs sont fortement agacés par cette affaire et cette médiatisation à outrance », indique le président du CNPO. Cette vaste fraude pourrait avoir un impact négatif sur les ventes d'oeufs si le doute venait à s'installer au sein des consommateurs.

« Dès que nous aurons les premières tendances de consommation, nous agirons en conséquence », souligne Philippe Juven. De premiers indicateurs permettront d'y voir plus clair en septembre. Dans l'immédiat, « nous devons faire notre travail auprès des médias pour dire ce qu'il en est dans cette affaire, il faut que le consommateur ait confiance », souligne le responsable professionnel.

Ce dernier regrette néanmoins que les Pays-Bas aient « tardé » à communiquer l'information, afin que les entreprises françaises ayant importé des oeufs ou des produits à base d'oeufs susceptibles de contenir du fipronil puissent réagir rapidement.

Une opportunité pour les œufs français ?

Philippe Juven voit dans ce scandale une « une leçon » à retenir : « en France, nous sommes autosuffisants et nous avons une traçabilité. Nous pouvons réagir rapidement en cas de problème sanitaire. Voilà pourquoi il ne faut pas abandonner la production nationale en allant nous approvisionner aux Pays-Bas ».  

Au final, ce scandale pourrait-il permettre aux producteurs d'œufs français de se démarquer positivement ? « C'est à la filière d'être capable d'expliquer aux consommateurs qu'ils ont toutes les raisons de garder confiance », répond Philippe Juven. Ce dernier défend d'ailleurs tous les types d'élevage, notamment les systèmes industriels. « J'entends des gens qui font l'amalgame entre ce scandale et certains modes d'élevage. Il ne faut pas s'adonner à ce genre de critiques qui nous feraient perdre nos parts de marché et seraient démobilisatrices. Il existe une production globale avec différents modes d'élevage car la demande est multiple ».