Avortements des ruminants. Une méthodologie précise à appliquer

Avortements => L’apparition d’avortements implique un plan d’action raisonné. Le diagnostic direct montre tout son intérêt si les précautions d’utilisation sont respectées. Le renforcement du kit bovin a permis une amélioration du taux d’élucidation.

Est considéré comme avortement toute naissance d'un animal mort, vivant mais né avant terme ou mort dans les 48h00 suivant la naissance. Tous les élevages sont concernés et on estime à 2 % les femelles qui avortent chaque année.

Des causes multiples d'où un diagnostic délicat

De nombreux facteurs peuvent interrompre une gestation : traumatisme de la mère en fin de gestation, anomalie du fœtus déclenchant son expulsion, problème alimentaire, maladies... Cela explique que sur un avortement isolé, la probabilité d'en trouver la cause est faible. En revanche, lors d'avortements multiples et rapprochés la cause infectieuse est plus probable.

Une déclaration obligatoire des avortements (police sanitaire de la brucellose)

Le 1er signe de la brucellose est l'avortement d'où une déclaration obligatoire de tout avortement chez les bovins ou tout épisode abortif chez les petits ruminants (3 avortements ou plus sur une période de 7 jours ou moins) à son vétérinaire sanitaire avec une prise en charge par l'Etat des frais liés à ce contrôle brucellose (frais de déplacement et d'intervention du vétérinaire sanitaire, frais d'analyses).

De nombreux agents infectieux incriminés

La liste des bactéries, virus ou parasites responsables d'avortement est longue. Citons parmi les plus fréquents l'ehrlichiose, la fièvre Q, la BVD, la néosporose pour les bovins, la salmonellose, la chlamydiose ou la toxoplasmose pour les petits ruminants. Ces agents infectieux sont les plus redoutables car contagieux et doués d'un grand pouvoir d'expansion intra et inter élevages. Ils sont souvent difficiles à combattre (échecs thérapeutiques) et persistants par les animaux porteurs asymptomatiques et excréteurs avec, pour certains, un risque pour l'humain et, plus encore, la femme enceinte.

Le recours au laboratoire, un passage obligé pour assurer le diagnostic étiologique

Lors d'avortements, les manifestations cliniques et les caractéristiques épidémiologiques ne sont pas spécifiques. Au mieux, ces éléments peuvent orienter vers une suspicion d'où l'indispensable recours au laboratoire. Le diagnostic analytique fait appel à des méthodes directes avec recherche de l'agent causal ou indirectes avec recherche des anticorps.

Des précautions d'utilisation à respecter

La précocité d'intervention est déterminante : prélèvement dans les 48 heures, maximum, suivant l'avortement pour le diagnostic direct. Cela garantit des prélèvements de qualité pour le laboratoire et augmente le taux d'élucidation. Si on intervient plus tardivement, on s'orientera alors sur des recherches complémentaires comme les sérologies chez les avortées depuis plus de 15 jours.

Un diagnostic direct facilité par la Caisse Régionale de Solidarité Santé Animale (CRSSA), un renforcement du kit bovin

Pour faciliter l'utilisation des nouvelles techniques de diagnostic direct (PCR), le GRASL a décidé de consacrer la CRSSA au diagnostic direct des avortements dans les élevages bovins, ovins et caprins. Un kit PCR, adapté à chaque espèce, avec une prise en charge de 75 % est à disposition. Grâce aux nouveaux outils analytiques disponibles, depuis le 01/10/2017, le kit avortement bovin est passé de 5 à 11 valences recherchées (cf. tableau « CRSSA – Kit diagnostic direct avortements ruminants »). En cas de nécessité de recherches sérologiques complémentaires, notre plan « maladies émergentes » permet la prise en charge de 50 % des frais d'analyses et de la visite vétérinaire de mise en place du plan de lutte et de prévention.

Un taux d'élucidation en augmentation

En 2017-2018, 61 kits avortements bovins ont été réalisés en Creuse. Le taux d'élucidation est de 50 % avec une très forte prévalence de l'ehrlichiose (23 cas), suivie par la fièvre Q (7 cas) et de manière plus sporadique la listériose, la néosporose, la leptospirose ou la BVD. Pour les petits ruminants, 14 kits ont été analysés avec un taux d'élucidation de 20 %. La gestion sanitaire des avortements implique une application stricte de certaines mesures par le couple éleveur/vétérinaire afin d'en limiter l'impact sur le cheptel et l'environnement (cf. encadré). C'est une composante de notre concept « Le sanitaire... j'adhère ! ». Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou GDS Creuse.